Pour leur dernière soirée à Bali, j’emmène Martine et Christian au Pura Dalem d’Ubud pour assister à un spectacle de danses du Legong. Six ans auparavant, j’avais eu la chance d’en voir un au Palais d’Ubud et j’en étais ressortie complètement émerveillée. Le spectacle dure 1h30, mais c’est tellement magnifique qu’on en demanderait encore !

DSCN8641La « Legong Dance » – ou Danse du Legong – est probablement la plus belle des danses traditionnelles balinaises. Les jeunes danseuses dansent avec tant de grâce au son du gamelan que nous avons l’impression d’être envoûtés par des déesses sorties tout droit d’un conte des Mille et une nuits. Toute la féminité, et la sensualité, s’expriment au travers leurs gestes précis et délicats. Les danseuses et danseurs sont richement habillés, ce qui apporte encore plus de magie au spectacle. Chaque mouvement des yeux, des mains, des doigts et des pieds semble régi par des règles ultra-précises, c’est impressionnant ! DSCN8650La Danse du Legong est enseignée aux petites filles à l’école, dès l’âge de 5 ans. Autrefois, cette danse était exclusivement exécutée dans des Palais pour la famille royale.

DSCN8649J’ai retrouvé l’histoire de la Danse du Legong sur Internet : Elle raconte l’histoire du roi Lasem qui rencontre une jeune fille perdue dans la foret ; il la ramène chez lui et, comme elle refuse de succomber, il l’enferme. Son fiancé, le prince de kahuripan menace le roi si sa compagne n’est pas libérée, mais rien n’y fait et le roi préfère se battre. En route vers la bataille, il rencontre un oiseau de mauvais augure qui lui prédit la mort, et le roi est tué dans le combat !

DSCN8654 DSCN8662 DSCN8663 DSCN8664Des représentations de cette danse peuvent être vues au palais royal d’Ubud, mais aussi tous les mardis soir au Pura Dalem. Les jeunes danseuses et danseurs, ainsi que les musiciens, viennent pour la plupart d’entre eux des petits villages voisins. Leur rétribution ne leur est pas personnelle, mais profite à toute leur corporation ou leur village. Une raison de plus de ne pas hésiter à acheter un ticket pour assister à ce merveilleux spectacle. D’autant plus qu’à Bali, et il semble que c’est encore plus fort ici, les danseurs semblent fiers de représenter leur culture ! Et comme ils ont raison, elle est si belle !

CaptureCe matin, Martine, Christian et moi nous visitons l’une des plantations de café de la région d’Ubud : la Teba Sari Agrotourism (Br. Kelingkung, Lodtunduh, Ubud, Gianyar, Bali). Le jardin est assez petit et dépouillé. On en fait le tour en 10 minutes, le temps de suivre un petit sentier au milieu de quelques caféiers et de photographier une ou deux fèves de cacao. La plantation est célèbre pour le « luwak café », soit disant le meilleur café qui puisse exister. (En tous cas, c’est le plus cher du monde.) Le terme « luwak » désigne en fait l’animal qui le mange, un petit mammifère qui me fait penser à une belette. Son vrai nom en français est « civette ». Je vais faire un rapprochement peut-être un peu trop rapide, mais dans la ville de mon enfance, il y avait un bar tabac qui s’appelait « La Civette », et je me demande aujourd’hui si ce bar s’appelle ainsi en référence à ce petit animal ? Car la civette sauvage vient en douce la nuit dans les cultures de caféiers manger le fruit rouge du caféier, appelé également « cerise ».  

Mais quelle est la véritable histoire du kopi (café) luwak ?

Pour la connaître, il faut faire un bond de plus de trois siècles en arrière, à l’époque où les Néerlandais ont apporté le café en Indonésie. Ces derniers interdisaient aux locaux de cueillir les cerises, et donc les paysans indonésiens ont commencé à ramasser ceux qu’ils trouvaient par terre pour leur propre consommation, c’est-à-dire les grains de café que la civette avait déféqués. C’est ainsi que la différence de goût du café a été remarquée ! Voilà donc l’histoire de ce petit nuisible nocturne considéré comme une « plaie » jusqu’à ce qu’on découvre que la pépite de café retrouvée dans ses excréments vaut de l’or (c’est le cas de le dire). Malheureusement, les civettes sont aujourd’hui capturées et mises en cage… Le spectacle n’est pas terrible, les pauvres animaux font des va-et-vient dans des cages minuscules dont le sol n’est même pas plein, et cela afin de récupérer directement ses défections.

Comment peut-on expliquer que la civette qui mange la cerise directement sur la plante ne rejette que les grains ? Capture

Il semblerait que la civette soit dans l’incapacité de digérer les grains entiers. C’est pour cette raison qu’on les retrouve dans ses excréments. D’après mes lectures sur le web, c’est lorsque les grains passent dans son système digestif qu’une réaction chimique se produit, donnant ainsi ce goût apprécié par les plus grands amateurs de café.

DSCN8617Les grains de café sont ensuite lavés et débarrassés des impuretés, puis sont torréfiés manuellement. Une femme balinaise, assise devant un foyer, s’occupe de la torréfaction du café. Elle mélange inlassablement les grains dans un grand poêlon et semble très gênée par la fumée qui s’y dégage. Je tente de la faire sourire en lui tendant mes lunettes de soleil. Alors qu’elle pense que c’est un jeu et que je vais les lui reprendre, je lui fais comprendre que c’est un cadeau pour qu’elle ne soit plus jamais gênée par la fumée qui lui irrite les yeux. Pendant quelques minutes, elle a souri et s’est un peu détendue. Je ne regrette toujours pas mes Ray Ban. Au contraire.

DSCN8618 DSCN8620Puis arrive la fameuse dégustation gratuite… de la carte entière, cafés et thés confondus. Vous vous asseyez autour d’une grande table et une jeune femme vous apporte une douzaine de tasses à déguster. Seule la dégustation du café luwak est payante. D’ailleurs, tous les trois optons pour une tasse du meilleur café au monde et sincèrement, je le trouve bon et digeste, mais c’est surtout de vivre l’expérience qui m’intéressait. Boire un café luwak est assez exceptionnel, non ?

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