Notre arrivée à Mandalay

DSCN7342Nous arrivons à Mandalay le 29 janvier après-midi. Nous avons réservé une chambre triple à l’hôtel My world. Ce n’est ni trop moderne ni trop traditionnel, c’est juste bien. La literie est relativement confortable, une bouilloire est à notre disposition pour un thé ou un café. Que demander de mieux ? Nous savons que c’est le standard birman, et que pour avoir plus de confort, une propreté irréprochable, une décoration soignée et un bon wifi, il faudrait payer très cher (entre 100 et 200 euros la nuit).

Comment peut-on expliquer ces prix élevés par rapport au reste de l’Asie ?

La Birmanie connaît depuis peu un boom touristique, et la demande a dépassé l’offre en ce qui concerne les hôtels. Comme la concurrence n’existe pas, le touriste paye cher pour un produit qui n’est pas toujours à la hauteur du prix annoncé. Autre désagrément, le wifi… Il semblerait qu’Internet soit encore sous surveillance, mais voilà on ne peut pas tout avoir, car en dehors de ces aspects, la Birmanie est belle et accueillante. Et quel peuple incroyable ! Au premier abord, si vous ne souriez pas, on ne vous sourira pas non plus… Certaines personnes paraissent même fermées, mais il suffit d’un regard sincère, d’un sourire bienveillant, et la magie opère, les Birmans vous le rendent au centuple. Je ne connais pas encore très bien le pays, mais j’ai déjà remarqué que les Birmans regardent l’autre et attendent parfois d’être salués avant de s’ouvrir.

Balade en solo dans Mandalay

Le 30 janvier, après notre première nuit à Mandalay, j’ai hâte de sortir pour voir à quoi ressemble la deuxième ville du pays. Malheureusement, pas de chance, Thierry a des urgences à régler et Théophile veut rattraper son retard dans ses devoirs du CNED. Je décide donc de partir seule en balade à la recherche d’un beau temple. Après m’être renseignée à l’accueil, la gentille hôtesse me donne un plan et m’indique la zone de pagodes proche de Mandalay Hill (la Colline de Mandalay). Elle me dit que je dois contourner les murailles du Palais de Mandalay et que ce sera une promenade assez longue. Je lui réponds que l’idée d’explorer la ville à pied me plaît beaucoup et qu’avec le plan, ça ira très bien. CaptureJe pars donc d’un pas léger, le plan en main, bien décidée à aller jusqu’au bout. Je suis agréablement surprise par la ville, elle me semble à taille humaine et puis, elle possède des trottoirs, et ça c’est rare dans les villes d’Asie ! Je peux marcher le nez en l’air sans me soucier de ce qui arrive à ma gauche, à ma droite, devant ou derrière moi. Les gens paraissent surpris de voir une touriste seule et me regardent franchement (pas du coin de l’œil). Je leur souris, car je suis très heureuse d’être en Birmanie et de la découvrir de cette façon. Alors leur visage s’éclaire d’un sourire blanc ou rouge de bétel, les yeux sont plissés et s’animent d’une vraie gentillesse. Au fur et à mesure de ma promenade, je vais de surprise en surprise. Tous les Birmans que je croise me regarde fixement et comme je les salue de la tête, ils me font tous un signe pour me dire bonjour. Je réalise qu’à Paris, si je saluais tous les gens que je croise en souriant, cela serait parfaitement suspect, et peut-être même qu’on me prendrait pour une dingue. Rien que d’y penser, cela m’amuse encore plus. Le soleil est présent, mais comme la ville est plantée, je trouve toujours un coin d’ombre. De temps en temps, on vient vers moi pour me demander d’où je viens. Quand je dis « Paris » [Pèw/riss], les gens rient, contents de voir que des Français soient venus jusqu’ici. Les trottoirs sont tachés de bétel, les hommes crachent sans arrêt, surtout les plus vieux. Je me rends compte qu’il fait chaud mais que ce n’est pas écrasant. Il fait moins lourd qu’à Bangkok. Sur les boulevards, les motos et les voitures klaxonnent sans arrêt pour avertir qu’elles arrivent. Je ne sens pas de pollution, ou alors j’ai perdu mon odorat ?

DSCN7301Près des murailles, je m’arrête à un petit stand pour acheter un gâteau aux haricots rouges, de la mangue séchée et une bouteille d’eau fraîche. C’est un beau monsieur âgé qui me sert. Je lui demande si les pagodes sont encore loin. Alors il vient près de moi pour m’indiquer sur le plan qu’il y a encore du chemin et 30 minutes de marche. Mais ça fait déjà 30 minutes que je marche ! Il me dit de prendre à gauche tout de suite aux feux, de traverser et là ce sera tout droit. Je le remercie et pars dans le sens indiqué. Je suis près des douves et des murailles. J’aperçois au loin la colline, mais même si c’est en ligne droite, la route est longue. DSCN7303Le trottoir est large, et la plupart des taxis motos stationnent à l’ombre des arbres. Il doit être midi, peut-être plus ? Je n’ai ni téléphone, ni montre, j’ai mon esprit LIBRE. A un taxi qui m’aborde pour m’emmener sur sa moto, je lui demande comment on dit « merci » en birman. Il me répond « Thank you ». Je trouve ça drôle, et j’essaie d’avoir la bonne version. Alors il me répond un truc comme « bouddhabouddha ». J’ai un doute mais lorsque je me dis que c’est peut-être un merci… spirituel… ? Devant moi s’élève un arbre incroyable, on dirait qu’il est en or. Il fait une belle ombre sur la promenade.

DSCN7305DSCN7306J’arrive enfin au niveau des pagodes. Je suis un peu fatiguée, mais j’ai hâte de me nourrir des splendeurs birmanes. Je prends une entrée où un long couloir me mène au temple. De chaque côté du corridor, des stands et des ateliers de sculptures sur bois attirent mon attention. Quel talent !

DSCN7308DSCN7309 DSCN7312Pieds nus, j’avance jusqu’au Bouddha géant. Il n’est pas en or, mais blanc et brillant, les lèvres rouges. J’étais restée sur l’image des bouddhas en or thaïlandais… J’avance vers lui et m’installe par terre pour une petite prière intérieure. Autant je n’aime pas les églises (surtout gothiques), autant les temples m’apaisent. Peut-être finirai-je bouddhiste ? Les mains jointes, je prie Bouddha pour que l’âme du papa de Guillaume, décédé hier, trouve la voie du paradis. J’aurais bien voulu qu’il voit ce temple, peut-être qu’il se serait senti apaisé. Mon esprit vagabonde, et je finis par ne penser à rien. J’ignore combien de temps je suis restée ainsi… qu’importe, l’essentiel est d’être bien.

DSCN7315En face du temple, un grand escalier mène à des pagodes. DSCN7316 DSCN7317J’ai très envie de voir jusqu’où je peux aller, alors je m’engage dans une montée d’escaliers avec des paliers différents. Je suis déjà bien haut lorsque je décide de faire une petite pause pour reprendre mon souffle. Une petite fille au crâne rasé, et vêtu d’une robe de moine rose pâle, court après un bout de chou bien joufflu. Les enfants sont intrépides et rient d’un vrai bonheur d’être ensemble. Je les regarde amusée et sidérée d’entendre des rires d’enfant aussi beaux. C’est peut-être l’endroit qui crée cette magie ?

DSCN7328DSCN7321Je monte encore quelques escaliers et arrivent encore à différents paliers qui correspondent en fait à des pagodes. Maintenant on peut parler d’altitude, je vois au loin les toits de Mandalay. Je ne sais plus si je dois continuer, car je pense à la route du retour… et je commence à avoir mal aux jambes. Je commence à faire marche arrière en me disant que je prends la bonne décision, car les escaliers me paraissent sans fin.

DSCN7353DSCN7341DSCN7338Je retourne à la pagode où jouaient les enfants. Je les retrouve au pied d’un grand Bouddha doré, assis par terre, en train de manger des raisons secs. Alors que je les regarde, la petite fille me tend son paquet. Je m’installe avec eux sur le sol et sors de mon sac ma mangue séchée. J’essaie de communiquer avec eux, le petit garçon semble effrayé quand je lui parle et détourne les yeux, tout plein de timidité. La petite fille, elle, est beaucoup plus à l’aise et on communique avec des signes.

DSCN7351DSCN7330DSCN7329DSCN7352Un jeune moine s’approche de nous, accompagné de deux birmanes, et me demande si je veux bien qu’il me prenne en photo avec les deux jeunes femmes. J’accepte avec plaisir et trouve la situation plutôt amusante : ce sont souvent les touristes qui prennent des clichés des locaux. Je me lève et les deux femmes paraissent très contentes. Elles m’entourent de leurs bras.

DSCN7347DSCN7349DSCN7356DSCN7365 DSCN7366DSCN7369Puis je songe à quitter les enfants pour rentrer à l’hôtel. Dehors, le soleil a baissé, j’espère que Thierry et Théophile ne sont pas inquiets. Sur le chemin, un taxi voiture me demande 4000 kyats pour rentrer. Je casse le prix en deux pour m’amuser. Le chauffeur rit et me propose 3000 kyats. Je redonne mon prix et il me dit que c’est le prix d’une course en moto. Je le remercie et continue un peu à pied en me faisant la réflexion que je n’ai pas pensé à demander combien coûtait une course en taxi. Alors que je suis dans mes songes, un jeune Birman s’arrête en moto et me dit : Taxi ? Il arrive pile poil au moment où je commençais à regretter le taxi voiture. Je lui demande le prix de la course et il m’annonce 1500 kyats. Cela me paraît honnête, enfin maintenant je ne me pose plus de questions et j’accepte la course. Il m’aide à mettre mon casque et je monte derrière lui… Hop, c’est parti ! Je suis la seule femme qui ne soit pas en amazone en moto. C’est extraordinaire toutes ces belles femmes élégantes assises en amazone. Quelle classe !

Quand j’arrive à la porte de la chambre, il y a un mot coincé dans la poignée : NOUS SOMMES SUR LA TERRASSE DU 5ème ETAGE. Je reconnais l’écriture de Théophile. Ils sont probablement en train de déjeuner et ils ont bien raison. Ils ne paraissent pas surpris de me voir, et pourtant quand je leur demande l’heure, ils me répondent « 16 heures » ! Je n’ai pas vu le temps passer, mais en écoutant de près je crois reconnaître les cris de mon estomac… Heureusement qu’en Asie, on peut manger à n’importe quelle heure, et pour des personnes aussi indisciplinées que nous, c’est tout bonnement parfait !

2 Thoughts on “Notre arrivée à Mandalay

  1. nadege on août 31, 2015 at 9:26 said:

    Mmmmm
    un régal cette journée on dirait

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