C’était en novembre 2013…

L’air est humide et frais sur l’île Verte. Bien emmitouflés, main dans la main, nous avançons en silence sur le sentier quand soudain Thierry se retourne vers moi et me dit dans un souffle : « Et si nous partions tous les trois, un an, « au chaud » quelque part. » Il pense à la Guadeloupe… Île que nous connaissons pour y avoir passé de belles vacances. Ce serait « facile » : Théophile pourrait suivre sa scolarité dans un collège là-bas et puis, avec le décalage horaire, nous pourrions continuer à travailler en profitant justement de ces heures où le téléphone ne sonnerait pas. Après réflexion, j’accepte et je me projette très vite. Une belle maison… du soleil… une mer turquoise… des palmiers balayés par les alizés… le rêve !

La semaine suivante, j’écume les annonces immobilières sur dommino à la recherche de la perle rare… Location meublée, 3 chambres, secteur Deshaies-Sainte Rose… piscine (oui j’ai osé, je l’avoue). Le moteur du site mouline et me recrache toujours les mêmes villas au mobilier douteux – canapé de velours marron, table bancale – chambres cracra, salle de bain rose dragée. J’essaie de tenir bon en me disant qu’on va forcément trouver ! Thierry a contacté une agence immobilière, et avant de raccrocher, ils nous ont bien dit : « Ne vous inquiétez pas, on s’occupe de tout. Nous avons vos critères, on vous appelle dès que l’on a un produit susceptible de vous intéresser. »

En février, pendant les vacances scolaires, nous prenons un vol pour Pointe-à-Pitre. Sur place, nous rencontrons des amis qui habitent dans le secteur qu’on adore. Sulyanise nous parle d’une jolie maison dans le secteur de Grande Anse. Le locataire risque de quitter la Guadeloupe et de rentrer en métropole. Nous les quittons sereins, nous passons même dans la résidence où se trouve la villa en question. En effet, c’est inespéré. De retour à Paris, nous reprenons nos activités jusqu’à cet email où notre amie nous apprend que la villa va être louée au frère du voisin… Retour à la case Départ.

En avril, pendant les vacances de Pâques, je me remets à chercher cette villa introuvable, inaccessible, et finis même par modifier mes critères de recherche. Je supprime la piscine, et la troisième chambre, et puis j’élargis le secteur. Thierry rentre de clientèle. C’est le soir… je suis assise en tailleur sur mon lit, déprimée et en larmes. Et toujours en pyjama, pas douchée.

Le lendemain, je regarde l’atlas… et devant ce magnifique écran Google Maps, mon regard se pose sur l’Asie. Je cherche les écoles françaises… Je corresponds avec des secrétaires qui me répondent très vite. Je comprends aussi que 8000 euros l’année pour intégrer un collège français à Denpasar ou à Bangkok, c’est la mer à boire. De toute façon, pour avoir un visa longue durée pour l’Indonésie, c’est trop compliqué… je laisse tomber… mais quand même ces villas balinaises à 1000 euros par mois, c’était rudement tentant.

Mais, parlons de Théophile, notre ado de 13 ans, qui était réticent à l’idée de quitter Paris, sa « ville de coeur ». Un soir, dans un resto de banlieue, il nous a annoncé (alors qu’on y croyait plus) que finalement il était d’accord pour nous suivre et qu’il savait que c’était un projet qui nous tenait à coeur. Thierry et moi étions tous très émus et fiers de notre « grand » bonhomme.

Les idées se bousculent dans ma tête. Je m’imagine ailleurs. Dehors il fait froid, le printemps est pourri comme l’année dernière. Cette fois, je me lance dès que Thierry fait son apparition dans l’entrée. A peine déchaussé, je lui propose l’Asie. Un tour en Asie sur plusieurs mois. Une improvisation totale en fonction de nos envies. Théophile pourrait continuer ses cours via le CNED. Les deux hommes de ma vie sont là et me sourient. L’aventure va pouvoir commencer…

En août, notre appartement est loué, mon bureau aussi. Je reçois la confirmation que Théophile est bien inscrit au CNED. Nous nous installons sur l’île Verte dans notre chalet. Le mois de juillet a défilé. Une aventure en famille, ça ne s’improvise pas. Nous avons la chance d’être entourés par des personnes formidables qui ont rendu ce voyage possible. L’un s’occupe du courrier, un autre veille sur notre chalet, deux amis encore se sont levés très tôt le jour de notre départ pour nous faire traverser la Seine en bateau et nous conduire à l’aéroport. Et puis tous nos amis qui nous suivent au quotidien sur Facebook… ça nous fait chaud au coeur. Merci.

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