Nous profitons de la fraîcheur du matin pour partir, plan en main, à la découverte de Phnom Penh. Comme les différents sites que nous souhaitons voir sont accessibles à pied depuis notre hôtel, nous décidons de nous aventurer sur le bord des routes de la capitale. (Les trottoirs – quand il y en a – servent de parking aux énormes 4×4.) Au Cambodge, on roule officiellement à droite, mais en fait il y a un tel bazar sur les boulevards qu’on finit par ne plus savoir de quel côté arrivent les voitures, les tuk-tuk, les motos, les vélos… La circulation est intense, et ça part vraiment dans tous les sens. C’est perturbant, surtout lorsqu’on songe à traverser les rues. Pendant notre balade, nous voyons une jeune fille à bicyclette arpenter le boulevard à contre-sens, alors que des voitures arrivent à toute bombe… Oh my god ! Nous avons eu peur pour elle – mais nous sommes bien les seuls – car ici cela ne semble poser de problème à personne. Nous nous sommes donné les docks comme point d’arrivée. C’est l’endroit où le Tonlé Sap vient mélanger ses eaux à celles du Mékong.
A quelques mètres de la J Villa s’élève une grande porte sculptée de style khmer. C’est l’entrée du Wat Langka, l’une des plus anciennes pagodes de Phnom Penh fondée en 1442. Le temple se trouve sur Preah Sihanouk Blvd, au sud-ouest du Monument de l’Indépendance.
En sortant du temple, nous apercevons le célèbre monument de l’Indépendance (Independence Monument). Le trafic est tellement dense que ça me fait penser à la Place de l’Etoile à Paris… aux heures de pointe. Comme son nom l’indique, c’est un monument – inauguré en 1958 – pour commémorer l’indépendance retrouvée du Cambodge. Si vous regardez bien la photo, l’édifice représente une fleur de lotus… Et en zoomant un peu, j’aperçois des nagas sculptés – un héritage de l’Inde ancienne – très présents dans l’art khmer.
Plus loin, toujours sur le boulevard, un énorme panneau m’interpelle. Je le photographie pour avoir avec moi ce numéro de téléphone. Depuis le lancement de cette campagne en 2003, le Cambodge change peu à peu son image de refuge pour pédophiles.
Il fait très chaud, mais nous sommes curieux de voir les rives du Mékong. Nous traversons le boulevard bruyant pour continuer à marcher sur le terre plein central qui est gazonné. Des chauffeurs de tuk tuk font la sieste à l’ombre des arbres. Comment font-ils au milieu de cette cacophonie ? Les klaxons viennent se mêler à un message incompréhensible qui passe en boucle dans les hauts-parleurs d’un parc d’attraction. Nous sommes assommés par le bruit et la chaleur humide. On ne peut pas dire que nous soyons sous le charme de cette ville. Mais nous n’en avons découvert qu’une infime partie…
Nous apercevons le premier pont et marchons jusqu’au fleuve. Des bateaux transportant des voyageurs et des véhicules font des aller-retour entre la capitale et les villages en face sur l’autre rive. Le paysage est d’une incroyable mélancolie : eaux saumâtres, ciel gris, brume… On entend, de loin, le moteur fatigué des barges usées. Je pense que tous les deux, on ne s’attendait pas à un tel décor. Et pourtant je reste là, plantée devant l’immensité du Mékong, à regarder longtemps les gens embarquer et débarquer.
Un peu plus loin, un chauffeur de tuk-tuk nous propose de nous emmener. Nous lui donnons l’adresse de l’hôtel… Pas le courage de faire la route dans l’autre sens.