Ce matin, nous avons rendez-vous avec Myo, le propriétaire du restaurant « Star Beam ». Il est prévu que nous prenions un petit-déjeuner chez lui avant de partir, en sa compagnie, à la découverte du célèbre site archéologique de Bagan.
Star Beam Restaurant – Mr Myo Myint (restaurateur et guide)Near new Bagan Market
Behind NLD Party Office
New Bagan
Phone : 09-401523810 ou 09-259073071
Email : rkmyomyint@gmail.com
Nous allons voir une sélection de temples sur les 2834 temples et pagodes éparpillés en pleine nature sur environ 50 km2. Bagan (anciennement Pagan) est exceptionnel dans le sens où le site concentre le plus grand nombre de monuments bouddhistes au monde. Nous sommes très contents d’avoir rencontré Myo, car c’est lui qui va nous guider tout au long de la journée. La plupart des touristes sillonnent les sentiers de Pagan en scooter ou en calèche (les plus courageux le font en vélo), ce qui est très faisable, mais attention toutefois à la poussière en suspend qui pique les yeux et qui irrite la gorge. (Le mieux est de porter des lunettes et un masque de protection.) Myo qui possède son propre véhicule – une Toyota, je crois – nous emmène faire le tour des temples avec lui. Youpi.
La fondation de Bagan remonte au IXème siècle et ses premières pagodes datent du Xème siècle. Aujourd’hui, le Vieux Bagan (Old Bagan) est déserté par les villageois qui ont été délogés par l’armée dans les années 80 quand le gouvernement a décidé d’ouvrir le pays au tourisme. Les habitants se sont réfugiés dans un nouveau village connu sous le nom de « Nouveau Bagan » (New Bagan), la partie moderne qui regroupe des laqueries (Bagan est également célèbre pour ses laques), la plupart des hôtels « bon marché » (les moins onéreux) et des restaurants.
Sur la route qui nous conduit au vieux Bagan (Old Bagan), Myo s’arrête pour une première visite au temple Ape-Ya-Da-Na (Apeyadana). La lumière dorée qui se pose sur ce joli temple en briques rouges est de toute beauté – et nous ne sommes que le matin – au coucher du soleil, ce temple doit être sublime !

Lorsque nous remontons en voiture, le jasmin accroché au rétroviseur intérieur a diffusé un parfum délicieux dans tout l’habitacle.
Le second temple s’appelle « Shwe gu gyi ». Il date du XIIème siècle. De sa terrasse, la vue est extraordinaire !
Pas très loin, un peu plus à l’est du Vieux Bagan, nous visitons le temple de l’Ananda. Ce joli temple avec son plan en forme de croix fait partie des plus anciens du site et demeure un endroit de pèlerinage très apprécié. En faisant le tour du temple carré, nous constatons que quatre bouddhas dorés sont situés face aux quatre points cardinaux.


Devant ce bijou architectural, je me demande pourquoi le site de Bagan n’est pas classé à l’Unesco. Honnêtement toutes ces pagodes et ces temples qui se dressent de toute leur splendeur en plein milieu de la nature, c’est quand même quelque chose d’incroyable. A mon avis, cela ne devrait pas tarder ! Pour en savoir plus, lisez l’article en anglais de Bagan on course for the World Heritage Listing.
Un peu plus au nord se dresse la belle pagode Zaditaw Hsu taung pyi, très fréquentée par les touristes et les pèlerins venus s’y recueillir. Des boutiques de souvenirs se succèdent dans sa cour intérieure. Nous sommes surpris d’y rencontrer des femmes « long neck » affairées sur leur métier à tisser.
Après une matinée riche en découvertes, notre guide nous emmène déjeuner chez son frère qui tient le Star Beam Bistro. Une autre belle adresse à retenir pour déjeuner à Bagan !
En milieu d’après-midi, Myo avec qui nous avons des liens de complicité nous emmène dans un endroit secret qu’il aime bien. C’est un temple en ruines près duquel une famille s’est installée. Nous aimons beaucoup cet instant magique où le temps semble s’être arrêté. Autour de nous, tout est silence… Nous sommes loin du circuit touristique que tous les voyageurs suivent plus ou moins. Comme ça fait du bien ! Merci Myo ! Et cette lumière cuivrée, on ne s’en lasse pas !


Avant que le soleil ne se couche sur la plaine, notre ami a choisi de nous faire visiter deux derniers jolis endroits. Il prend des sentiers poussiéreux au milieu de nulle part et se gare devant la pagode Damayangyi. Nous sommes au bout du monde !
Lorsque nous accédons au toit de la dernière pagode (Pya That Da pagoda), nous avons la surprise de voir que des dizaines de personnes sont là pour la même chose que nous. De jeunes étudiants surexcités se prennent mutuellement en photo et nous demandent si l’on veut bien poser avec eux. Ce que nous acceptons « with pleasure ». Puis le soleil, qui n’est plus qu’une boule rouge, tombe sur les magnifiques stûpas. Le spectacle est féerique… Nous sommes des dizaines à partager ce moment exceptionnel, l’ambiance est très joyeuse, tout le monde est content. Lorsque nous reprenons l’escalier que nous avons gravi trente minutes plus tôt, la nuit est tombée sur Bagan. Il nous reste des images merveilleuses dans la tête. C’était divin… il n’y a pas d’autres mots.








































Alors que le taxi passe près de la colline de Mandalay, notre regard est attiré par les beaux stûpas de la pagode Kuthodaw. De loin, l’ensemble me fait penser à un village chaulé des Cyclades. 

Pieds nus, j’avance au milieu des stûpas qui se découpent dans un ciel intensément bleu. Thierry, derrière mois, prend des dizaines de clichés. Les pavés sont tièdes, les allées bordées de soleil et la chaleur me remplit l’âme et la tête…
La construction de la pagode « Kuthodaw » remonte à 1857, sous le règne du roi Mindon Min. Chaque stûpa abrite une stèle de marbre sur laquelle sont gravées, recto verso, des pages entières du Tipitaka, l’enseignement de Bouddha. Il s’agit là du plus grand livre du monde avec au total 279 stèles. Ces lignes sont gravées dans le langage Pâli qui n’est pas connu par la majorité des Birmans. Seuls quelques moines savent interpréter les textes. Impressionnant, non ?

Le silence des lieux est parfois troublé par les rires des enfants qui jouent à cache cache. Pétillants de vie, on lit dans leurs yeux espiègles une tendre complicité. Qu’ils sont beaux ces petits Birmans !








D’après mes lectures, ce Bouddha aurait été pris par l’armée du roi Bodawpaya du royaume d’Arakan (près de la frontière de l’actuel Bangladesh), comme trophée de guerre en 1784. D’abord abritée dans l’ancienne capitale royale Amarapura, la statue aurait ensuite été déplacée à Mandalay, alors nouvelle capitale royale en 1860. Actuellement, elle est constituée de 6,5 tonnes de bronze et de 3 tonnes d’or. Son visage est nettoyé tous les matins, à 4 h, par les moines qui considèrent qu’elle est vivante. Seuls les hommes ont le droit de déposer une feuille d’or, les femmes doivent rester à l’écart… 

Des moines prient avec ferveur. La pagode Maha Muni est un site très fréquenté et vénéré par les Birmans.





A l’extérieur, nous admirons les détails finement sculptés du toit et au dessus des arcades. Une grande cloche trône au milieu de la cour, c’est l’occasion pour moi de donner mes trois coups de bâtons : ça défoule en fait !




Je lis sur un grand panneau qu’elles proviennent d’Angkor Vat au Cambodge. Elles sont passées de mains royales en mains royales, avant d’être rapportées à Amarapura en 1857.
Des trente statues rapportées du Siam par le roi birman Bayinnaung, il n’en reste actuellement que six. Elles attirent beaucoup de Birmans, car elles posséderaient des pouvoirs de guérison.





A 5h du matin, nous montons en voiture, les yeux tout embués de sommeil. Il fait une nuit d’encre, et Mandalay dort encore. Notre taximan semble un peu plus ébouriffé que la veille, mais garde le sourire. La nuit a été courte pour tout le monde. Nous prenons la direction de Sagaing, une ville située sur la rive occidentale du fleuve Irrawaddy, à une vingtaine de kilomètres. Je pense à Théophile qui a préféré rester au lit, ce que je peux comprendre. Ce n’est pas facile de persuader son ado de se lever à 4h30 pour assister au lever du soleil tout en haut d’une colline. Thierry et moi sommes encore un peu sonnés, mais au fur et à mesure que nous roulons, nos yeux s’agrandissent et s’habituent à la pénombre. Le taxi s’engage dans une rue montante et étroite. Je suppose qu’il s’agit de la colline de Sagaing où est perchée la fameuse pagode Soon Oo Ponya Shin. La route devient sinueuse, et notre chauffeur klaxonne à chaque virage pour prévenir de son arrivée. Au début, je me disais que cela ne servait pas à grand chose de donner de pareils coups de klaxon en pleine nuit, mais j’ai vite changé d’avis quand j’ai vu tous ces petits moines (des enfants) marcher en file indienne sur le bord de la route. Tous prennent la même direction, probablement le chemin vers le réfectoire de la pagode Soon Oo Ponya Shin pour leur premier repas de la journée. Sagaing est reconnue comme étant l’un des centres religieux les plus importants du pays.
Tout en haut de la colline, nous suivons les quelques pèlerins qui comme nous sont venus assister au lever du soleil. Il fait frais et, là-haut, le vent est glacial. Notre chauffeur qui ne porte qu’un tee-shirt est pétrifié de froid. Sur la terrasse de la pagode, il fait quelques exercices pour se réchauffer. J’aime beaucoup la bonne humeur ambiante et l’atmosphère qui se dégage des lieux.
Dans la nuit, le dôme tout doré prend une autre dimension. C’est magnifique.
Comme nous sommes en avance, j’en profite pour aller voir les tableaux qui ornent les murs de la pagode. Et puis il fait un peu plus chaud à l’intérieur !
Il est 6 h15 et le soleil est resté couché. Notre taximan consulte toutes les 5 minutes sa montre d’un air soucieux. Malgré le fait qu’il parle très peu l’anglais, nous arrivons à communiquer. Nous sentons qu’il fait tout pour nous être agréable et, lorsqu’il nous voit ébahis sur les sites magnifiques où il nous emmène, nous sentons une immense fierté dans ses yeux.

Nous ne sommes pas les seuls à profiter de la beauté de l’instant. Sur les visages, on lit de la joie d’être là. Tout le monde applaudit… L’effort en valait la peine, nous sommes largement récompensés par la très belle vue sur le fleuve et les collines.
Alors que le jour pointe, un groupe de femmes birmanes vient vers moi pour immortaliser ce moment. Toutes veulent être prises en photos avec moi… et ça n’en finit pas, au moins 5 ou 6 personnes à tour de rôle. Et puis vient le tour des familles avec enfant(s) pour la photo souvenir ! Il suffit de sourire et les gens viennent naturellement à vous. Et quelle gentillesse, vous donnez un sourire, vous en recevez 100 !


Nous quittons la pagode et remontons vite en voiture. Les rayons du soleil sont encore trop faibles pour nous réchauffer. Sur la route qui relie Sagaing à Mandalay, nous passons sur un superbe pont en métal : le pont d’Ava qui emjambe le fleuve Irrawaddy. Constitué de 16 travées, il a été construit par les Britanniques en 1934. Au loin, nous en apercevons un deuxième qui semble identique.





Nous quittons l’hôtel vers 17H15 pour prendre la direction d’Amarapura, une ville qui connut son heure de gloire en 1841, lorsqu’elle devint la capitale de la Birmanie sous le règne de Tharrawaddy (8ème roi birman). Quelques années plus tard, son successeur, le roi Mindon, décida de construire une nouvelle capitale, Mandalay, et abandonna complètement Amarapura. Il fit démonter le palais royal d’Inwa pour le transférer à dos d’éléphant à Mandalay, laissant sur place d’énormes colonnes en teck.

Le pont composé de 1 086 poutres en teck mène à l’autre rive, notamment au temple Kyauktawgyi. Les habitants et les moines peuvent aisément s’y rendre même pendant la mousson, lorsque les pluies viennent gonfler les eaux du lac. 
Vu d’en bas, je me dis qu’avec mon vertige jamais je ne pourrai le traverser jusqu’au bout. C’est donc les jambes tremblotantes que je monte les marches pour accéder au pont. Là-haut, les planches vibrent chaque fois qu’une personne nous croisent. Très déstabilisant cette histoire, d’autant plus qu’il y a beaucoup de touristes mélangés aux locaux qu’il va falloir croiser et il n’y a pas de garde corps ! Devant ma peur, notre taximan/guide est « mort de rire » et pour me taquiner, il se met à sauter sur les planches branlantes de la passerelle. Waouh !!! Sensation extrême !!! J’essaie de me raisonner en me disant que si des centaines de personnes le franchissent chaque jour sans problème, alors pourquoi ça se passerait mal pour moi ? J’accroche le bras de Thierry et nous faisons nos premiers mètres. Je résiste à la peur, mais je transpire au creux des mains. C’est terrible le vertige… ça paralyse tout le corps ! Thierry me dit de regarder droit devant moi et d’arrêter de regarder en bas (c’est haut). Je décide de suivre ses conseils et lâche son bras. Je marche en faisant attention de bien rester au centre de la passerelle. Je laisse le plaisir aux autres de me contourner… Je poursuis une ligne droite invisible, la tête bien haute. Thierry discute loin derrière avec notre guide. Je commence à me détendre et même à me rapprocher du bord mais pas trop… puis j’accélère la cadence. Je me rends compte que le malaise a disparu. Je traverse le pont comme si je le faisais tous les jours… Le soleil se couche, c’est beau… et j’ai vaincu une angoisse. C’est un merveilleux moment pour moi. Je n’ai plus le vertige, je souris tellement je suis heureuse d’être là. J’ai même envie de rire. C’est si simple parfois de surpasser ses peurs. Je suis fière de moi… Il fait nuit. Je suis arrivée sur l’autre rive, 1200 mètres de « même pas peur ».








La colline de Mandalay (Mandalay Hill) culmine à 240 mètres au nord-est de Mandalay. A son sommet se trouve la pagode Sutaungpyei qui offre, depuis sa grande terrasse extérieure, une vue panoramique sur toute la ville. C’est notre première ascension depuis notre arrivée. Nous savons qu’il y en aura d’autres, car le Myanmar est un pays de collines et de montagnes. 
De la plate-forme, nous avons une jolie vue sur les toits et les pagodes de Mandalay. Contrairement à la plupart des grandes villes d’Asie, nous sommes heureux de constater que la ville est relativement boisée.






L’atmosphère dans le temple est « bon enfant ». La jeunesse birmane est décontractée, tout comme les jeunes moines qui semblent adeptes du selfie.


