C’est en rentrant d’une promenade sur la plage que je découvre par hasard les jolis dessins des enfants d’Amed (Bali). Dans la lumière tamisée du soir, filles et garçons alignent dans le sable des petites pierres les unes à côté des autres, de façon à former le plan d’une maison. Comme ils n’ont ni papier ni crayons de couleur, ils dessinent leurs rêves dans le sable à l’aide de petits cailloux. Tout est magnifiquement pensé, les cloisons et même les meubles. Quel joli spectacle que de voir des enfants passionnés par leur jeu, c’est à peine s’ils remarquent ma présence tant ils sont concentrés à créer leur monde.

IMG_4923Assise un peu à l’écart, je les regarde s’amuser et rire ensemble. Ils finissent par m’inviter « chez eux », et je me sens privilégiée et honorée. Ils m’expliquent que ce petit morceau de brique est un canapé, et que cette « tige » de corail blanc est tout simplement un bonhomme. Je suis si émerveillée devant ces trésors d’imagination que je leur demande l’autorisation de capturer quelques images de leur chef-d’œuvre. Dans leurs yeux malicieux, je lis de la fierté, mais aussi un bonheur absolu, celui qu’offre la richesse d’une imagination fertile, pure et belle.

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CaptureAmed, c’est d’abord une atmosphère. Il y a son volcan qui domine tout le paysage, sa mer bleue marine où voguent les prahus, ses collines de jungle aux pieds desquelles s’étalent les rizières, et puis cette plage, un peu spéciale, qu’on aime ou qu’on déteste, avec ses gros galets cendrés et son sable qui ressemble à du marc de café mouillé. A Amed, c’est un peu le bout du monde que je suis venue chercher. J’aime ça, la solitude parfois. DSCN8920DSCN8934DSCN8984Amed n’a pas vraiment changé depuis 10 ans. Sur la plage, je marche tête baissée pour éviter de me tordre les chevilles. Et puis j’ai mal sous la plante des pieds, mais je résiste. Après les douces rizières, me voilà au milieu d’une terre presque inhospitalière avec ce géant de volcan au nom barbare, Agung, et sa mer chaude qui paraît si froide. Bali est ainsi, Bali est unique, terre de contrastes, île bénie des Dieux, où la force de la nature a sculpté des paysages tourmentés et sereins à la fois.

DSCN8985Entre les prahus, je partage désormais la plage avec les poules et les cochons qui fouillent ensemble les déchets ramenés par les vagues. C’est vrai que la plage est encombrée de toute sorte de choses et personne ici n’a vraiment l’air de s’en soucier. Ni les locaux, ni les touristes. J’aperçois des petits paniers trempés aux offrandes défraîchies. J’hésite à les ramasser pour les sauver des vagues agressives. Et puis, non, je les laisse au milieu des plastiques, des ampoules et des déodorants, et je continue ma route suivie par des chiens sans collier, libres comme l’air. DSCN8924Comme dirait mon ami Patrice, c’est l’heure de la lumière bleue : ce n’est ni le jour, ni la nuit, c’est le bleu. Le soleil est tombé dans le volcan, et les enfants se baignent en slip dans des rires joyeux. Les plus grands chassent le crabe sous les yeux fiers de leur père, tandis que les mamans assises dans le sable regardent leurs filles devenir femme. Comme la vie dure semble paisible. C’est à ne rien y comprendre… Les gens n’ont rien mais ils ont tout. DSCN8868DSCN8862DSCN8865DSCN8875

Thierry et Théophile se passionnent pour le monde sous-marin et ne veulent pas quitter Amed sans avoir tenté le niveau 1 de l’Open Water Diver. CaptureLa SSI (Scuba School International) est une association internationale qui permet de prendre des cours de plongée sous-marine. Les garçons décident de reprendre des cours et de faire 6 plongées pour obtenir le premier niveau de plongeur. Pour l’examen, ils ont besoin de potasser un livre spécialisé. Avec leur carte SSI Open Water, ils pourront plonger un peu partout dans le monde jusqu’à 18 mètres de profondeur. GOPR1143La montre de plongée indique en autres la profondeur (9.9m) et la température de l’eau (30°C).

GOPR1120GOPR1301Théophile (14 ans) s’est rapidement adapté à ce nouvel univers, comme si – en fait – c’était une évidence d’être là.

GOPR1296GOPR1270GOPR1263GOPR1258GOPR1178GOPR1176GOPR1175Bravo Théophile ! Tu as bien mérité ta carte de plongeur ! Félicitations à l’équipe gagnante…

GOPR1167GOPR1166GOPR1306GOPR1307GOPR1311Merci aussi aux instructeurs de Fun Divers Resort, et particulièrement à Valérie et Franck.

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DSCN8858 (2) DSCN8860 (3) DSCN8882 (2)Arrivés avant-hier à l’hôtel Fun Divers Resort d’Amed, nous sommes installés dans un grand bungalow de deux chambres dont une en mezzanine. La plage se trouve à 2 minutes à pied. Comme son nom l’indique, l’hôtel est orienté plongée sous-marine et dispose d’une grande piscine pour les exercices de base avant la plongée en pleine mer. Les instructeurs, très sympathiques, logent aussi sur place. Thierry et Théophile, après avoir pris quelques informations, décident de sauter le pas. Les formateurs Valérie (originaire de Menton) et Franck (Allemagne) les prennent en charge pour le premier cours. C’est au son du coq qu’ils démarrent leur première leçon ! Pour l’ambiance, une toute petite vidéo est disponible ici : Cours de plongée

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Après une heure d’exercices en bassin, un baptême est prévu le lendemain matin. Au programme, une plongée à Tulamben avec la découverte de l’épave du Liberty, un cargo américain torpillé en 1942. Redécouvert dans les années 1980, l’épave est probablement le spot de plongée le plus populaire de l’île. La carcasse du bateau abrite une multitude de poissons, d’hippocampes, de murènes, de coraux, etc. GOPR0998 GOPR1002GOPR1019GOPR1029GOPR1031GOPR1048GOPR1059GOPR1067GOPR1072GOPR1086GOPR1093

Sur la route qui mène à Amed, nous faisons une pause rafraîchissante dans la région de Karangasem. Nous avons prévu de visiter les jardins d’un magnifique Palais d’eau, le Taman Tirta Gangga. A l’entrée, un Balinais se propose de nous guider et de nous donner quelques informations sur le lieu. IMG_4830La construction du palais remonte à 1946 et a été décidée par le raja d’Amlapura. Son nom « Tirta Gangga » signifie « eaux du Gange » en l’honneur de la culture hindouiste. Le Palais a été très endommagé par l’éruption du volcan Agung en 1963, puis plus tard, lors des événements politiques qui ont secoué l’Indonésie, et Bali deux ans après. Depuis, tout a été soigneusement reconstruit à l’identique.

IMG_4832 IMG_4841 IMG_4844 IMG_4845 IMG_4853Les fontaines, les sculptures et les statues ornent magnifiquement ce jardin. De plus, il est possible de se baigner dans le grand bassin.

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IMG_4872La zone autour de Tirta Gangga est remarquable pour ses rizières en terrasses… Et nous, on ne s’en lasse vraiment pas ! IMG_4888

DSCN8746Sur les conseils du personnel de l’hôtel, nous partons ce matin nous balader sur Campuhan Ridge, désigné comme étant la colline « de l’amour » par les Balinais. Il semblerait que les jeunes amoureux aiment s’y promener le matin ou en fin d’après-midi, main dans la main et surtout loin des regards. Ce petit trek d’environ neuf kilomètres aller/retour ne demande pas d’efforts particuliers, sinon celui de prendre de l’eau et une casquette, car le petit chemin bétonné n’est pas toujours ombragé.  DSCN8757 IMG_4779DSCN8763DSCN8749Pour accéder à ce petit havre de paix à partir de Penestanan, il faut traverser le pont qui enjambe la rivière Campuhan, puis prendre à gauche le petit chemin qui mène au temple Pura Gunung Lebah.

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DSCN8739DSCN8742IMG_4777IMG_4778IMG_4781A quelques centaines de mètres du temple, la vue s’élargit sur les vastes collines verdoyantes qui forment l’arrière-pays de cette jolie vallée. Plus loin, les rizières s’étendent à perte de vue. C’est super beau !

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CaptureUbud est connue pour être la capitale culturelle de Bali, et l’on peut facilement pousser la curiosité en allant à Mas, un village traditionnel dédié à la sculpture sur bois, situé à seulement quelques kilomètres. Le plus difficile est de choisir l’endroit où l’on a envie de s’arrêter, car les ateliers ne manquent pas. Thierry et moi choisissons d’y aller un matin en taxi, avant que le soleil ne soit trop dur. Le chauffeur se gare sur le parking d’un grand atelier-boutique. DSCN8699 DSCN8700Quelques touristes sont déjà sur place, c’est sûrement une adresse bien référencée. Comment dénicher « la perle rare » au beau milieu de centaines de statuettes en teck ou autre essence de bois ? Pas facile. De plus, le côté « Too much » de certaines pièces exposées – trop sculptées ou trop sophistiquées – nous confirme dans l’idée que ce n’est pas un endroit pour nous. Nous stoppons net le commerçant « super glue » qui ne nous a pas quittés d’une semelle et sortons pour respirer enfin.

Alors que nous regagnons la voiture, notre regard est attiré par un entrepôt, situé de l’autre côté de la rue. De grands morceaux de bois brut sont exposés à l’entrée. Tout pour nous plaire. Le magasin s’appelle Alit Wood (Jl Raya, Mas, Ubud, Bali).

DSCN8706 DSCN8707Nous craquons littéralement pour des pièces brutes en teck, remplies de petites imperfections. Je laisse le soin à Thierry de choisir les plus belles pièces selon nos critères. Le commerçant, fort discret, ne nous met aucune pression, nous laisse toucher la marchandise et choisir tranquillement. Le taximan nous a rejoints et nous regarde un peu perplexe nous extasier devant des morceaux de bois. DSCN8701DSCN8705DSCN8703DSCN8702Un peu plus tard, nous nous rendons à l’atelier du peintre I ketut Soki à Penestanan qui n’est autre que le père de notre chauffeur de taxi. C’est un monsieur très solaire qui nous reçoit chez lui. IMG_4758

DSCN8719DSCN8720Ce peintre balinais, né en 1946, est un artiste qui expose dans de nombreuses galeries d’art. Son histoire est très belle… Elle a démarré lorsque enfant, il a eu l’opportunité de recevoir des leçons d’art du célèbre artiste Arie Smit, l’un des fondateurs du mouvement « Jeunes Artistes ».


Tout a commencé en 1960, lorsqu’Arie Smit se promène dans les rizières de Penestanan, à Bali. Il fait la rencontre d’un jeune garçon – I Nyoman Cakra – en train de dessiner dans la terre sableuse. Smit l’invite alors dans son atelier et lui donne des crayons et du papier. Comme I Nyoman Cakra ne souhaite pas resté seul, il demande à Smit si son neveu peut l’accompagner ? Son neveu n’est autre que I Ketut Soki en personne. C’est ainsi que les deux jeunes deviendront les premiers élèves de Smit.     DSCN8715Pour voir plus d’œuvres d’art de I Ketut Soki, rendez vous sur son site officiel à l’adresse www.ketutsoki.com

IMG_4754IMG_4752Nous tombons sous le charme d’une peinture naïve, très colorée à l’image de notre voyage. Qui aurait cru ce matin en nous levant que nous allions acheter d’aussi jolies choses ! IMG_4756 IMG_4757

Dans la région d’Ubud à Bali, Théophile et Thierry ont profité d’une sortie rafting pour se rafraîchir un peu… 20150328_133138 20150328_134335Descendre la rivière Ayung est l’occasion de découvrir Bali autrement. La nature luxuriante borde les rives et l’on peut observer de très beaux oiseaux.

GOPR0947Pour accéder à la rivière, il faut descendre énormément de marches qui, en saison des pluies, sont parfois recouvertes de mousse. Donc attention ça glisse ! Mais une fois dans le canoë, tout n’est plus qu’un vilain souvenir. Les jeunes moniteurs aiment blaguer et font les pitres pour détendre l’atmosphère. Par exemple, ils assomment des crocodiles imaginaires en claquant les rames contre la surface de l’eau, ce qui crée une déflagration, en criant « crocodile, crocodile ! ». Dommage qu’ils n’encouragent pas plus à ramer. (Théophile a trouvé que c’était un point négatif. Je le comprends, à son âge, on a envie de se surpasser.)

GOPR0953GOPR0978GOPR0957La descente de la rivière sur 11 kilomètres dure environ deux heures. Les garçons ont adoré, même si tout était très maîtrisé… En d’autres termes, les amateurs de sensations fortes peuvent rester sur leur faim. Vous êtes prévenus 🙂 !

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Derrière l’hôtel Bali Dream Resort, les rizières s’étendent à perte de vue. C’est une chance pour nous qui aimons nous y promener en fin d’après-midi, quand il fait un peu moins chaud. Devant les champs de riz (paddy fields en anglais), quelques autels sont dédiés à Sri, la déesse du riz. Dans cette région du monde, le riz est sacré, et les Balinais en mangent à tous les repas.  DSCN8673 IMG_4703Le repiquage des plants de riz assuré par les femmes se fait en ligne régulière par touffes de quelques brins. Un Balinais nous raconte que le riz de Java est plus rentable, avec trois récoltes en moyenne par an. Le riz balinais l’est moins avec seulement deux récoltes l’an. Après le repiquage, il faut attendre 100 jours avant de le récolter. A Bali, le riz dépend d’un système d’irrigation ancien géré par une coopérative de riziculteurs, le subak. La rizière la plus haute est la première à être inondée d’eau. Les canalisations permettent à l’eau de s’écouler dans les autres terrasses à un niveau inférieur. Cela explique la différence de couleur des champs de riz. Après la récolte, le riz est battu afin de séparer la paille du grain.  DSCN8677 IMG_4715 IMG_4724 Le riz est une plante assez haute, ses tiges peuvent atteindre 60 centimètres. Après la pluie, les rizières se parent de milliers de perles d’eau. Ces merveilleux paysages, sources d’inspiration pour les poètes, les photographes et les peintres, s’éteignent doucement à la nuit tombée. Il ne reste d’eux que l’odeur âcre de la terre humide et le chant sacré des grenouilles. Chaque soir, j’écoute avec le même plaisir le concert des batraciennes qui ressemble à une incantation à la pluie. Crôa ! Crôa ! Crôa ! DSCN8666IMG_4709DSCN8665IMG_4737DSCN8689

Pour leur dernière soirée à Bali, j’emmène Martine et Christian au Pura Dalem d’Ubud pour assister à un spectacle de danses du Legong. Six ans auparavant, j’avais eu la chance d’en voir un au Palais d’Ubud et j’en étais ressortie complètement émerveillée. Le spectacle dure 1h30, mais c’est tellement magnifique qu’on en demanderait encore !

DSCN8641La « Legong Dance » – ou Danse du Legong – est probablement la plus belle des danses traditionnelles balinaises. Les jeunes danseuses dansent avec tant de grâce au son du gamelan que nous avons l’impression d’être envoûtés par des déesses sorties tout droit d’un conte des Mille et une nuits. Toute la féminité, et la sensualité, s’expriment au travers leurs gestes précis et délicats. Les danseuses et danseurs sont richement habillés, ce qui apporte encore plus de magie au spectacle. Chaque mouvement des yeux, des mains, des doigts et des pieds semble régi par des règles ultra-précises, c’est impressionnant ! DSCN8650La Danse du Legong est enseignée aux petites filles à l’école, dès l’âge de 5 ans. Autrefois, cette danse était exclusivement exécutée dans des Palais pour la famille royale.

DSCN8649J’ai retrouvé l’histoire de la Danse du Legong sur Internet : Elle raconte l’histoire du roi Lasem qui rencontre une jeune fille perdue dans la foret ; il la ramène chez lui et, comme elle refuse de succomber, il l’enferme. Son fiancé, le prince de kahuripan menace le roi si sa compagne n’est pas libérée, mais rien n’y fait et le roi préfère se battre. En route vers la bataille, il rencontre un oiseau de mauvais augure qui lui prédit la mort, et le roi est tué dans le combat !

DSCN8654 DSCN8662 DSCN8663 DSCN8664Des représentations de cette danse peuvent être vues au palais royal d’Ubud, mais aussi tous les mardis soir au Pura Dalem. Les jeunes danseuses et danseurs, ainsi que les musiciens, viennent pour la plupart d’entre eux des petits villages voisins. Leur rétribution ne leur est pas personnelle, mais profite à toute leur corporation ou leur village. Une raison de plus de ne pas hésiter à acheter un ticket pour assister à ce merveilleux spectacle. D’autant plus qu’à Bali, et il semble que c’est encore plus fort ici, les danseurs semblent fiers de représenter leur culture ! Et comme ils ont raison, elle est si belle !