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Ce matin, nous faisons une dernière sortie famille, car demain nous quittons Mandalay (et le Myanmar) pour la Thaïlande. La direction choisie est celle de Mingun pour voir la plus grosse cloche du monde encore sonnante ! Mingun est une ville bordée par le fleuve Ayeyarwady dans la région de Sagaing.

CaptureDans le Routard, il est écrit qu’on ne peut accéder à cette ville qu’en bateau… Ce n’est plus vrai, l’information n’a probablement pas été mise à jour, car la ville est accessible en voiture grâce au magnifique pont en métal que nous traversons au niveau de Sagaing.

CaptureAvant de voir cette fameuse cloche, le chauffeur nous dépose (à Mingun) devant un monument extraordinaire : la pagode Mingun Pahtodawgyi. En descendant de voiture, je reste bouche bée devant la grandeur du site en ruines. L’histoire de cette bâtisse vaut vraiment la peine d’en  parler… En 1790, le roi Bodawpaya, réputé pour sa « folie des grandeurs », décide de construire la plus grande pagode du monde. Pour y parvenir, il fait travailler durement des milliers de personnes, dont des prisonniers et des esclaves. Mais pendant sa construction, une astrologue prédit la mort du roi si jamais la pagode est achevée. Comme ce dernier est superstitieux, les travaux sont ralentis pour ne pas dire abandonnés. Ainsi, lorsque le roi meurt en 1819, les travaux de la pagode sont définitivement arrêtés. Initialement, la pagode devait atteindre 150 m de haut, mais à sa mort, sa hauteur ne dépasse pas les 50 m. Puis, le destin s’acharne curieusement… Quelques années plus tard, le 23 mars 1839, un séisme vient la secouer, la fissurant de toute part… Incroyable, n’est-ce pas ?

DSCN7800 DSCN7805 DSCN7808 DSCN7817 IMG_3352 IMG_3356 IMG_3362 IMG_3363 IMG_3366 IMG_3381Lorsque nous rejoignons la voiture garée sur le parking du site, notre chauffeur est dans les bras de Morphée. Je tambourine doucement la vitre, il se réveille un peu gêné… Nous lui laissons un peu de temps pour redescendre sur terre afin qu’il nous emmène voir la célèbre cloche. Fondue entre 1808 et 1810, elle a été conçue pour être abritée dans la pagode Pahtodawgyi. Contrairement à la pagode, elle est en bon état et pèse pas moins de 90 tonnes !

IMG_3395 IMG_3396 IMG_3400 IMG_3407 IMG_3419 IMG_3421 IMG_3425 IMG_3428Après avoir sonné la cloche, le taxi nous conduit à un autre site situé à quelques mètres de là : la magnifique pagode blanche Hsinbyume. C’est le prince Bagydaw qui a ordonné sa construction en 1816 en mémoire de sa première femme tant aimée, la princesse Hsinbyume, morte en couches. L’édifice serait inspiré du temple Sulamani du village Minnanthu à Pagan. Les sept terrasses concentriques superposées qui le composent symboliseraient le mythique mont Meru et les sept chaînes de montagnes qui l’entourent. La pagode endommagée par le séisme de 1836 a été restaurée par le roi Mindon en 1874.

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DSCN7846IMG_3441DSCN7841 DSCN7843 DSCN7844 DSCN7852 DSCN7854 DSCN7857 DSCN7858 DSCN7859IMG_3446 IMG_3459 IMG_3463 IMG_3473Face à cette très belle pagode s’étendent de belles cultures (maïs, arachides…) le long du fleuve.

DSCN7871DSCN7866DSCN7865DSCN7864IMG_3477 IMG_3478 IMG_3481 IMG_3482 IMG_3484 IMG_3485IMG_3468

Ce matin, nous partons avec notre ami Myo pour le Mont Popa, un volcan éteint qui culmine à 1500 m d’altitude et au sommet duquel se trouvent des temples et des stûpas dorés.

CaptureSur la route, Myo nous propose de nous faire découvrir une petite exploitation de sucre de palme. Nous acceptons avec plaisir, curieux de voir comment le sucre est produit. Nous sommes accueillis par l’exploitant qui nous indique que les palmiers qui bordent la route sont en fait des palmiers à sucre. La sève se récolte tout en haut de l’arbre dans de petits récipients. Des échelles en bambou permettent aux personnes travaillant dans l’exploitation d’accéder aux inflorescences d’où coule la sève. Pendant la pleine saison qui dure entre 4 et 5 mois, la production peut atteindre jusqu’à 20 litres par arbre. Nous avons le droit à une dégustation gratuite avant de passer aux achats… (Comme dans beaucoup d’endroits touristiques dans le monde !)

IMG_3127IMG_3146IMG_3132 IMG_3135Nous goûtons le sucre à la noix de coco râpée… tandis que tout près une femme râpe la coco. Comme c’est gourmand ! Puis Thierry se laisse tenter par les sirops et l’alcool distillée de façon très artisanale, pendant que je me refais une beauté au thanaka !

IMG_3153IMG_3155IMG_3129Après quelques achats, nous rejoignons Myo autour d’une table sur laquelle sont disposées des assiettes de salade de thé. C’est la deuxième fois que j’en mange depuis mon arrivée au Myanmar. C’est une composition que je trouve intéressante, mais que je ne pourrai pas reproduire en France, car notre ami m’indique que la salade ne se compose pas des feuilles de thé qu’on utilise pour le thé. (Je tenterai de chercher la vérité sur cette salade, car ça m’intrigue vraiment !) IMG_3156Après cette pause sympathique, nous remontons en voiture et découvrons la région de Popa et ses vallées luxuriantes, très différente de celle de Bagan. Les terres sont fertiles et largement cultivées, d’ailleurs les marchés sont un plaisir pour les yeux : fleurs, fruits, légumes à profusion… Myo nous explique que la région de Popa bénéficie d’un climat différent avec plus de précipitations, combiné avec de nombreuses sources d’eau et une terre riche due à la décomposition de la roche volcanique.

IMG_3172Au pied du Mont Popa, Myo nous laisse et nous donne rendez-vous dans une heure, le temps pour nous de gravir les 777 marches et de les redescendre ! Thierry achète une petite bouteille d’eau… il se peut que l’on en ait besoin. Nous nous déchaussons et commençons l’ascension de ce grand escalier. Les macaques semblent avoir élu domicile dans le temple. Il y en a partout… Des vendeurs proposent aux touristes d’acheter des cônes de cacahuètes pour les balancer aux singes. Pas terrible comme idée, les macaques s’énervent et s’enhardissent. D’ailleurs, l’un d’eux vient me voler ma bouteille d’eau pour aller la croquer dans un coin. Malgré le soin apporté par les laveurs de marches, les macaques font leurs besoins partout. J’en ai plein les pieds… C’est sûr que ça gâche un peu la sortie. Mais heureusement, au sommet du piton volcanique, la vue est extraordinaire !

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Ce matin, nous avons rendez-vous avec Myo, le propriétaire du restaurant « Star Beam ». Il est prévu que nous prenions un petit-déjeuner chez lui avant de partir, en sa compagnie, à la découverte du célèbre site archéologique de Bagan.

Star Beam Restaurant – Mr Myo Myint (restaurateur et guide)
Near new Bagan Market
Behind NLD Party Office
New Bagan
Phone : 09-401523810 ou 09-259073071
Email : rkmyomyint@gmail.com

Nous allons voir une sélection de temples sur les 2834 temples et pagodes éparpillés en pleine nature sur environ 50 km2. Bagan (anciennement Pagan) est exceptionnel dans le sens où le site concentre le plus grand nombre de monuments bouddhistes au monde. Nous sommes très contents d’avoir rencontré Myo, car c’est lui qui va nous guider tout au long de la journée. La plupart des touristes sillonnent les sentiers de Pagan en scooter ou en calèche (les plus courageux le font en vélo), ce qui est très faisable, mais attention toutefois à la poussière en suspend qui pique les yeux et qui irrite la gorge. (Le mieux est de porter des lunettes et un masque de protection.) Myo qui possède son propre véhicule – une Toyota, je crois – nous emmène faire le tour des temples avec lui. Youpi.

IMG_3105La fondation de Bagan remonte au IXème siècle et ses premières pagodes datent du Xème siècle. Aujourd’hui, le Vieux Bagan (Old Bagan) est déserté par les villageois qui ont été délogés par l’armée dans les années 80 quand le gouvernement a décidé d’ouvrir le pays au tourisme. Les habitants se sont réfugiés dans un nouveau village connu sous le nom de « Nouveau Bagan » (New Bagan), la partie moderne qui regroupe des laqueries (Bagan est également célèbre pour ses laques), la plupart des hôtels « bon marché » (les moins onéreux) et des restaurants. DSCN7708Sur la route qui nous conduit au vieux Bagan (Old Bagan), Myo s’arrête pour une première visite au temple Ape-Ya-Da-Na (Apeyadana). La lumière dorée qui se pose sur ce joli temple en briques rouges est de toute beauté – et nous ne sommes que le matin – au coucher du soleil, ce temple doit être sublime !

IMG_2879IMG_2885Lorsque nous remontons en voiture, le jasmin accroché au rétroviseur intérieur a diffusé un parfum délicieux dans tout l’habitacle. IMG_2887Le second temple s’appelle « Shwe gu gyi ». Il date du XIIème siècle. De sa terrasse, la vue est extraordinaire ! IMG_2889 IMG_2890 IMG_2891 IMG_2894 IMG_2899 IMG_2900 IMG_2906 IMG_2909Pas très loin, un peu plus à l’est du Vieux Bagan, nous visitons le temple de l’Ananda. Ce joli temple avec son plan en forme de croix fait partie des plus anciens du site et demeure un endroit de pèlerinage très apprécié. En faisant le tour du temple carré, nous constatons que quatre bouddhas dorés sont situés face aux quatre points cardinaux.

IMG_2914IMG_2922DSCN7660 DSCN7665 DSCN7666 DSCN7669 DSCN7670 DSCN7672 DSCN7674Devant ce bijou architectural, je me demande pourquoi le site de Bagan n’est pas classé à l’Unesco. Honnêtement toutes ces pagodes et ces temples qui se dressent de toute leur splendeur en plein milieu de la nature, c’est quand même quelque chose d’incroyable. A mon avis, cela ne devrait pas tarder ! Pour en savoir plus, lisez l’article en anglais de Bagan on course for the World Heritage Listing.

Un peu plus au nord se dresse la belle pagode Zaditaw Hsu taung pyi, très fréquentée par les touristes et les pèlerins venus s’y recueillir. Des boutiques de souvenirs se succèdent dans sa cour intérieure. Nous sommes surpris d’y rencontrer des femmes « long neck » affairées sur leur métier à tisser.IMG_2959IMG_2933 IMG_2936 IMG_2938 IMG_2940 IMG_2941 IMG_2942 IMG_2943 IMG_2949 IMG_2952Après une matinée riche en découvertes, notre guide nous emmène déjeuner chez son frère qui tient le Star Beam Bistro. Une autre belle adresse à retenir pour déjeuner à Bagan !

En milieu d’après-midi, Myo avec qui nous avons des liens de complicité nous emmène dans un endroit secret qu’il aime bien. C’est un temple en ruines près duquel une famille s’est installée. Nous aimons beaucoup cet instant magique où le temps semble s’être arrêté. Autour de nous, tout est silence… Nous sommes loin du circuit touristique que tous les voyageurs suivent plus ou moins. Comme ça fait du bien ! Merci Myo ! Et cette lumière cuivrée, on ne s’en lasse pas !DSCN7679DSCN7680DSCN7681 IMG_2964 IMG_2967 IMG_2969 IMG_2975 IMG_2984 IMG_2987 IMG_2989 IMG_2994 IMG_2998 IMG_3002 IMG_3004 IMG_3008IMG_3006Avant que le soleil ne se couche sur la plaine, notre ami a choisi de nous faire visiter deux derniers jolis endroits. Il prend des sentiers poussiéreux au milieu de nulle part et se gare devant la pagode Damayangyi. Nous sommes au bout du monde ! IMG_3020 IMG_3023 IMG_3032 IMG_3042Lorsque nous accédons au toit de la dernière pagode (Pya That Da pagoda), nous avons la surprise de voir que des dizaines de personnes sont là pour la même chose que nous. De jeunes étudiants surexcités se prennent mutuellement en photo et nous demandent si l’on veut bien poser avec eux. Ce que nous acceptons « with pleasure ».  Puis le soleil, qui n’est plus qu’une boule rouge, tombe sur les magnifiques stûpas. Le spectacle est féerique… Nous sommes des dizaines à partager ce moment exceptionnel, l’ambiance est très joyeuse, tout le monde est content. Lorsque nous reprenons l’escalier que nous avons gravi trente minutes plus tôt, la nuit est tombée sur Bagan. Il nous reste des images merveilleuses dans la tête. C’était divin… il n’y a pas d’autres mots.

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Cet après-midi, Thierry a loué un scooter électrique pour sillonner les petits chemins autour de New Bagan. Comme deux ados sur leur première mobylette, nous sortons de New Bagan et prenons à l’est la route vers le village de Min-Nan-Thu. Nous apercevons les premiers temples, mais comme il y en a beaucoup, nous décidons de prendre notre temps et d’en visiter deux au hasard… avant de filer jusqu’au village. Au loin, le sommet du Dhamma Ya Zi Ka Zedi étincelle sous le soleil et semble nous envoyer des signaux lumineux. Curieux de voir la bâtisse de plus près, Thierry s’engage dans un sentier sablonneux au milieu d’une lande désertique. Le dôme de la pagode est en travaux, mais de loin les nattes en bambou qui le recouvrent ressemblent à s’y méprendre à de grandes feuilles d’or. IMG_2782IMG_2771DSCN7625 DSCN7626 DSCN7628 DSCN7630 DSCN7631 DSCN7632Une petite fille habillée d’une robe de princesse vient vers moi et me photographie. Au Myanmar, je suis une vraie star !!! (Vous avez remarqué la rime ?) Et puis de jeunes ados viennent à leur tour prendre joyeusement la pose devant notre objectif. Avec des yeux aussi malicieux, la photo sera forcément réussie.IMG_2773 IMG_2779La pagode Dhamma Ya Zi Ka date du début du XIIème siècle et a été construite sous le règne de Narapatisithu, le 7ème souverain du Royaume de Bagan. Son stûpa est entouré de cinq petits temples dont certains sont ornés de fresques.

Pour rejoindre le village, nous devons prendre une fourche sur notre gauche en direction de la pagode Tha-Man. A l’arrivée, une dame nous accueille et nous invite à la suivre à pied. Nous pénétrons, un peu intimidés, dans l’enceinte du petit village en sa compagnie. Elle nous emmène à divers endroits tout en nous expliquant comment les habitants vivent et travaillent au quotidien. D’ailleurs, quelques artisans sont encore présents malgré l’heure tardive. Dans moins d’une heure, il fera nuit… Si nous voulons assister au coucher du soleil, nous avons intérêt à ne pas nous attarder. La visite est intéressante, et nous nous laissons tentés par de belles cotonnades tissées main… IMG_2789IMG_2796IMG_2797IMG_2804IMG_2809IMG_2813IMG_2815IMG_2819IMG_2821IMG_2833IMG_2845IMG_2851IMG_2854Puis nous continuons notre parcours. Je me suis assise sur les pièces de coton, c’est plus moelleux pour les fesses ! Lorsque nous arrivons au temple blanc Lay Myet Hna, le soleil semble en feu…

DSCN7633 DSCN7634 DSCN7637 DSCN7638 IMG_2860 IMG_2863 IMG_2867 IMG_2869Il est temps de quitter les lieux, la nuit est d’encre. Heureusement, nous pouvons éclairer la route avec le scooter, car les environs sont plongés dans le noir le plus complet. Nous repassons devant la pagode Dhamma Ya Zi Ka, celle-ci est très bien éclairée, nous ne sommes plus très loin…  IMG_3122

IMG_2664Alors que le taxi passe près de la colline de Mandalay, notre regard est attiré par les beaux stûpas de la pagode Kuthodaw. De loin, l’ensemble me fait penser à un village chaulé des Cyclades.   DSCN7365DSCN7358Depuis 5h ce matin, nous visitons des monuments bouddhiques aussi beaux les uns que les autres, et je m’étonne de ne pas avoir les yeux rassasiés. Quand la voiture passe devant la pagode, je n’ose pas demander un arrêt. Je me dis que tout le monde est fatigué de cette grande journée de visites. D’ailleurs, le soleil ne va pas tarder à se coucher. Thierry semble étonné que je ne réagisse pas et me demande si je veux visiter la « Kuthodaw pagoda ». J’ai à peine répondu par l’affirmative qu’il en parle à notre chauffeur afin que celui-ci fasse demi-tour dès que possible. Alors que nous descendons de voiture, nous lui promettons que nous n’en avons pas pour très longtemps. (Il ne faut pas abuser tout de même.) D’ailleurs, cette fois, notre taximan ne nous suit pas, il est sans doute arrivé à « saturation » de toutes ces merveilles. IMG_2659Pieds nus, j’avance au milieu des stûpas qui se découpent dans un ciel intensément bleu. Thierry, derrière mois, prend des dizaines de clichés. Les pavés sont tièdes, les allées bordées de soleil et la chaleur me remplit l’âme et la tête…

IMG_2665La construction de la pagode « Kuthodaw » remonte à 1857, sous le règne du roi Mindon Min. Chaque stûpa abrite une stèle de marbre sur laquelle sont gravées, recto verso, des pages entières du Tipitaka, l’enseignement de Bouddha. Il s’agit là du plus grand livre du monde avec au total 279 stèles. Ces lignes sont gravées dans le langage Pâli qui n’est pas connu par la majorité des Birmans. Seuls quelques moines savent interpréter les textes. Impressionnant, non ?

DSCN7366DSCN7361DSCN7362Le silence des lieux est parfois troublé par les rires des enfants qui jouent à cache cache. Pétillants de vie, on lit dans leurs yeux espiègles une tendre complicité. Qu’ils sont beaux ces petits Birmans !

IMG_2657IMG_2669Au cœur de la pagode se dresse un stûpa doré, haut de 57 m.

IMG_2660Dans la cour intérieure, nous nous arrêtons sous un arbre aux branches qui n’en finissent pas. Celles-ci sont soutenues par des colonnes scellées dans le sol. La nature est parfois étonnante, cet arbre aurait – d’après les guides – 250 ans.

IMG_2663Le temps semble s’être arrêté dans ces lieux magiques. Mais il est l’heure de rentrer, et le chauffeur est peut-être en train de s’impatienter. En sortant, je me rends compte que ma paire de tennis a disparu. Je les aperçois aux pieds d’une vieille dame assise sur un banc en bois. Elle me regarde me chausser, un genou par terre, et me dit que s’asseoir près d’elle ne coûte rien. Naturellement, nous nous présentons l’une à l’autre. Cherry était professeur d’anglais, je comprends mieux son anglais parfait. Elle me raconte qu’elle adore les parfums Dior, et son RÊVE serait d’en posséder un tout petit peu. Je la regarde porter à son nez un flacon invisible, elle semble dans un moment d’extase. Cette dame, aux yeux délavés par le temps, me touche beaucoup, je me sens proche d’elle et finalement pas très différente. Elle parle avec beaucoup de philosophie de la vie, de la générosité, de la paix, du temps qui passe… Pour elle, s’il n’y avait pas de colère, il n’y aurait pas de guerre. C’est un moment que je ne suis pas prête d’oublier. Merci Cherry, je suis si heureuse que nos chemins se soient croisés.IMG_2671 IMG_2672

Le jour s’est levé sur la pagode Mahamuni, le soleil absorbe les derniers voiles de brume qui se dissipent dans la fraîcheur du matin. Lorsque nous descendons de voiture, les fidèles sont déjà très nombreux devant l’entrée de la pagode. Certaines femmes sont très élégantes, et je me demande ce qu’elle pense de ma tenue « spécial confort » sweat et legging. J’ai un peu honte, je l’avoue, tant elles sont joliment apprêtées et coiffées.
IMG_2638IMG_2577Thierry et moi suivons notre chauffeur – qui est aussi notre guide depuis deux jours. Il se faufile entre les femmes et les hommes venus se recueillir devant la statue de Bouddha (vieille de 2 500 ans d’après certains guides). Je me fais toute petite parmi la foule et m’assois sur le grand tapis avec les femmes birmanes que je regarde prier. Devant nous, un écran de télé montre des hommes en train d’appliquer des feuilles d’or sur le Bouddha devenu « difforme ». Depuis notre arrivée, un homme délivre au micro des messages aux pèlerins, les encourageant à faire des dons d’argent. L’ambiance est si particulière que j’ai l’impression d’être dans un rêve étrange. Et si j’allais me réveiller ?IMG_2565IMG_2581D’après mes lectures, ce Bouddha aurait été pris par l’armée du roi Bodawpaya du royaume d’Arakan (près de la frontière de l’actuel Bangladesh), comme trophée de guerre en 1784. D’abord abritée dans l’ancienne capitale royale Amarapura, la statue aurait ensuite été déplacée à Mandalay, alors nouvelle capitale royale en 1860. Actuellement, elle est constituée de 6,5 tonnes de bronze et de 3 tonnes d’or. Son visage est nettoyé tous les matins, à 4 h, par les moines qui considèrent qu’elle est vivante. Seuls les hommes ont le droit de déposer une feuille d’or, les femmes doivent rester à l’écart… IMG_2589IMG_2584IMG_2573Des moines prient avec ferveur. La pagode Maha Muni est un site très fréquenté et vénéré par les Birmans.

IMG_2593 IMG_2594Dans le temple, nous assistons à une cérémonie. Il semblerait que ce soit les membres d’une même famille. Les petites filles sont aussi maquillées que leurs aînées. Elles portent toutes des robes de fée ou de princesse d’un rose dragée. Elles sont suivies par les garçons également maquillés et habillés du même rose. Ils paraissent tout droit sortis d’un livre de contes… ou d’un carnaval ?

IMG_2613IMG_2580IMG_2609IMG_2619IMG_2629A l’extérieur, nous admirons les détails finement sculptés du toit et au dessus des arcades. Une grande cloche trône au milieu de la cour, c’est l’occasion pour moi de donner mes trois coups de bâtons : ça défoule en fait !

DSCN7526 DSCN7527IMG_2647IMG_2649IMG_2650Un peu plus loin se trouvent plusieurs anciennes statues khmères en bronze.

DSCN7530Je lis sur un grand panneau qu’elles proviennent d’Angkor Vat au Cambodge. Elles sont passées de mains royales en mains royales, avant d’être rapportées à Amarapura en 1857. DSCN7528Des trente statues rapportées du Siam par le roi birman Bayinnaung, il n’en reste actuellement que six. Elles attirent beaucoup de Birmans, car elles posséderaient des pouvoirs de guérison.

DSCN7529DSCN7531IMG_2639 IMG_2642IMG_2645IMG_2653

IMG_2510A 5h du matin, nous montons en voiture, les yeux tout embués de sommeil. Il fait une nuit d’encre, et Mandalay dort encore. Notre taximan semble un peu plus ébouriffé que la veille, mais garde le sourire. La nuit a été courte pour tout le monde. Nous prenons la direction de Sagaing, une ville située sur la rive occidentale du fleuve Irrawaddy, à une vingtaine de kilomètres. Je pense à Théophile qui a préféré rester au lit, ce que je peux comprendre. Ce n’est pas facile de persuader son ado de se lever à 4h30 pour assister au lever du soleil tout en haut d’une colline. Thierry et moi sommes encore un peu sonnés, mais au fur et à mesure que nous roulons, nos yeux s’agrandissent et s’habituent à la pénombre. Le taxi s’engage dans une rue montante et étroite. Je suppose qu’il s’agit de la colline de Sagaing où est perchée la fameuse pagode Soon Oo Ponya Shin. La route devient sinueuse, et notre chauffeur klaxonne à chaque virage pour prévenir de son arrivée. Au début, je me disais que cela ne servait pas à grand chose de donner de pareils coups de klaxon en pleine nuit, mais j’ai vite changé d’avis quand j’ai vu tous ces petits moines (des enfants) marcher en file indienne sur le bord de la route. Tous prennent la même direction, probablement le chemin vers le réfectoire de la pagode Soon Oo Ponya Shin pour leur premier repas de la journée. Sagaing est reconnue comme étant l’un des centres religieux les plus importants du pays. IMG_2508Tout en haut de la colline, nous suivons les quelques pèlerins qui comme nous sont venus assister au lever du soleil. Il fait frais et, là-haut, le vent est glacial. Notre chauffeur qui ne porte qu’un tee-shirt est pétrifié de froid. Sur la terrasse de la pagode, il fait quelques exercices pour se réchauffer. J’aime beaucoup la bonne humeur ambiante et l’atmosphère qui se dégage des lieux.

DSCN7514Dans la nuit, le dôme tout doré prend une autre dimension. C’est magnifique.

IMG_2501IMG_2502Comme nous sommes en avance, j’en profite pour aller voir les tableaux qui ornent les murs de la pagode. Et puis il fait un peu plus chaud à l’intérieur !

DSCN7509IMG_2504Il est 6 h15 et le soleil est resté couché. Notre taximan consulte toutes les 5 minutes sa montre d’un air soucieux. Malgré le fait qu’il parle très peu l’anglais, nous arrivons à communiquer. Nous sentons qu’il fait tout pour nous être agréable et, lorsqu’il nous voit ébahis sur les sites magnifiques où il nous emmène, nous sentons une immense fierté dans ses yeux.

Il est 6 heures et 40 minutes, et le spectacle commence. Debout, le regard perdu à l’horizon, nous sommes prêts à assister au lever du roi Soleil. C’est d’abord une petite boule rouge qui quitte la ligne d’horizon pour monter doucement dans le ciel. L’obscurité fait place à la lumière, nous découvrons un paysage qui s’éveille dans la brume du matin. C’est magique. DSCN7520IMG_2542IMG_2541Nous ne sommes pas les seuls à profiter de la beauté de l’instant. Sur les visages, on lit de la joie d’être là. Tout le monde applaudit… L’effort en valait la peine, nous sommes largement récompensés par la très belle vue sur le fleuve et les collines. IMG_2538Alors que le jour pointe, un groupe de femmes birmanes vient vers moi pour immortaliser ce moment. Toutes veulent être prises en photos avec moi… et ça n’en finit pas, au moins 5 ou 6 personnes à tour de rôle. Et puis vient le tour des familles avec enfant(s) pour la photo souvenir ! Il suffit de sourire et les gens viennent naturellement à vous. Et quelle gentillesse, vous donnez un sourire, vous en recevez 100 !

IMG_2518IMG_2520IMG_2523IMG_2529Nous quittons la pagode et remontons vite en voiture. Les rayons du soleil sont encore trop faibles pour nous réchauffer. Sur la route qui relie Sagaing à Mandalay, nous passons sur un superbe pont en métal : le pont d’Ava qui emjambe le fleuve Irrawaddy. Constitué de 16 travées, il a été construit par les Britanniques en 1934. Au loin, nous en apercevons un deuxième qui semble identique.

IMG_2546 IMG_2547 IMG_2548IMG_2556Notre taxi stationne sur le pont pour que Thierry puisse prendre quelques clichés. Nous avons une vue sur les petites collines qui s’élèvent en bordure du fleuve. Les pagodes dorées pointent vers un ciel encore brumeux. C’est planant.

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Ce matin, nous faisons connaissance avec le jeune taximan qui nous servira de guide pendant 2 jours. Comme la plupart des Birmans, il est très sympathique, mais parle très peu anglais. Mais ce n’est pas vraiment un problème, car nous arrivons à communiquer et même à rire ensemble.

IMG_2376La colline de Mandalay (Mandalay Hill) culmine à 240 mètres au nord-est de Mandalay. A son sommet se trouve la pagode Sutaungpyei qui offre, depuis sa grande terrasse extérieure, une vue panoramique sur toute la ville. C’est notre première ascension depuis notre arrivée. Nous savons qu’il y en aura d’autres, car le Myanmar est un pays de collines et de montagnes. DSCN7472IMG_2382De la plate-forme, nous avons une jolie vue sur les toits et les pagodes de Mandalay. Contrairement à la plupart des grandes villes d’Asie, nous sommes heureux de constater que la ville est relativement boisée.

DSCN7474IMG_2375La pagode Sutaungpyei a été construite en 1052 par le roi Anawrahta à l’origine du royaume de Bagan (le fameux site archéologique que nous avons prévu de visiter la semaine prochaine). D’une façon générale, son architecture, sa mosaïque « miroir » et ses couleurs chaudes me font penser à un palais des mille et une nuit.

DSCN7468DSCN7473Au nord de la pagode Sutaungpyei se trouve une autre pagode appelée « Mwegyi hnakaung » (traduit par la pagode des deux grands serpents). Les deux cobras verts qui ornent les lieux attirent notre attention. Dans leur « bouche » largement ouverte s’accumulent des billets de banque déposés par les pèlerins venus prier.

DSCN7477 DSCN7478Un peu plus loin, Thierry se décide à frapper la cloche trois fois pour que ça lui porte chance. Il semble un peu crispé au début, même si ça fait partie de la coutume. (Il faut dire que ça résonne pas mal !)

DSCN7482IMG_2405L’atmosphère dans le temple est « bon enfant ». La jeunesse birmane est décontractée, tout comme les jeunes moines qui semblent adeptes du selfie.

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Je ne me rappelle pas avoir vu un soleil tel que celui-ci, une sphère rouge vermillon s’élevant au dessus de l’océan. J’ai assisté à des coucher de soleil magnifiques, mais avec un astre aussi rouge, jamais. Avant que le ciel ne s’embrase tout à fait, nous marchons main dans la main, décidés à atteindre le mini-phare que l’on voit au loin, près de l’embarcadère de Baan Nam Kem. C’est à 2 km par la plage. Les vagues scintillent comme si des milliers d’étoiles étaient tombées du ciel. C’est très beau. IMG_1905IMG_1909IMG_1916Baan Nam Kem (qui signifie en français « Village de l’eau salée ») est un village de pêcheurs très tranquille d’où partent des bateaux de pêche mais aussi des ferries pour l’île de Koh Kho Khao. IMG_1921IMG_1922Lorsque le tsunami a frappé la Thaïlande en 2004, le village de Baan Nam Kem a été particulièrement touché. Près de 600 villageois ont péri dans la catastrophe. Toutes les familles du village ont perdu des êtres chers. Aujourd’hui, la vie a repris son cours, paisible. En bordure de plage se dresse un énorme Bouddha assis qui semble veiller sur le village. Dos à l’océan, il donne l’impression de protéger les habitants des fureurs de l’océan ou la colère dévastatrice de la nature. Son visage paraît grave, il ne sourit pas.
DSCN7026A proximité du bouddha, nous remarquons un haut mur gris avec une forme concave. Haut de 4 mètres, il représente la vague, celle qui a emporté tout sur son chemin, comme ce bateau dont on peut voir la carcasse et qui s’est retrouvé à 2 kilomètres à l’intérieur des terres.   DSCN7030DSCN7031  DSCN7035IMG_1945En face du mur concave, nous lisons quelques noms sur les plaques commémoratives. Nous sommes très émus d’être au « Tsunami Memorial ». DSCN7028IMG_1946DSCN7029DSCN7032Lorsque nous faisons demi-tour pour rentrer, la nuit est pratiquement tombée.  Lorsque nous atteignons la route de campagne qui nous mène au Living Room Homestay, nous sommes dans le noir le plus complet. Enfin, pas tout à fait, des lucioles nous font un ballet merveilleux, comme si une dizaine de fées clochette jouaient à cache-cache autour de nous. La dernière fois que j’ai vu des vers luisants remonte à ma petite enfance… DSCN7039

Voici un reportage tiré du journal Libération du 22/12/2014 :

Dévasté par le tsunami il y a tout juste dix ans, Baan Nam Khem a vu affluer les ONG. Aujourd’hui, les pêcheurs locaux ont cédé la place aux travailleurs birmans et les maisons neuves cherchent preneur.

Quand le moine bouddhiste Manat est arrivé à Baan Nam Khem, le «village de l’eau salée», une semaine après le tsunami du 26 décembre 2004, il a trouvé une communauté dévastée. Ce village de la province de Phang Nga, sur la côte occidentale de la péninsule thaïlandaise, avait été particulièrement meurtri par les vagues de 6 à 7 mètres de haut déclenchées par un séisme de 9,2 sur l’échelle de Richter au large des côtes de l’île indonésienne d’Aceh. 800 personnes de Baan Nam Khem ont péri, emportées par les flots, sur une communauté de 5 000 habitants, essentiellement des pêcheurs.

«Les gens étaient hagards. Ils restaient assis des journées entières sans rien dire. Je devais leur porter mes sermons enregistrés sur des CD, car ils ne voulaient plus sortir de leur maison à moitié détruite», se rappelle, dix ans après, le bonze Manat, qui n’a jamais quitté Baan Nam Khem depuis. Alors qu’il tentait de réconforter les âmes, des centaines d’organisations humanitaires, d’agences internationales et gouvernementales, et aussi de simples quidams déferlaient dans ce village devenu le symbole de la tragédie en Thaïlande. «On voyait des étrangers arriver avec des liasses de billets et les distribuer au premier venu», se souvient un résident.

TEMPLE DU PARDON DE LA MER

Dans les mois qui ont suivi, le village n’était pas sans rappeler la frontière khméro-thaïlandaise des années 80, quand 350 000 rescapés du régime khmer rouge s’entassaient dans des camps de réfugiés. La route vers Baan Nam Khem était alors jalonnée de panneaux d’organisations humanitaires : World Vision, American Refugee Committee, Moses… Chacune voulait «son» projet dans ce qui était devenu le «village du tsunami». Mais, pour le bonze Manat, un moine au franc-parler typique des religieux travaillant sur le terrain et qui ponctue ses propos par de grands éclats de rire, cette vague d’assistance humanitaire manquait la cible. «Bien sûr, les villageois avaient perdu la plupart de leurs biens. Mais, pour eux, les pertes matérielles étaient secondaires. Ils étaient profondément déprimés. Ils se demandaient : « Pourquoi celui-ci a disparu ? Pourquoi est-ce tombé sur ma famille ? » J’ai essayé de répondre à ces questions en puisant dans les enseignements de Bouddha», se rappelle-t-il.

Le bonze installa alors un temple improvisé sous une tente, et prêcha tous les soirs pour les victimes du tsunami. Il l’appela Wat Apai Samut, le «temple du Pardon de la mer». Nong Chanthawong, aujourd’hui employée d’une organisation humanitaire locale, la fondation Prateep, était parmi les habitants de Baan Nam Khem qui assistaient aux sermons du bonze Manat. Elle a perdu ses deux enfants et son mari dans le tsunami. «C’est alors que j’ai vraiment compris les enseignements bouddhiques, notamment le fait que nous, êtres humains, naissons, souffrons et mourons, et qu’il faut l’accepter», se rappelle-t-elle, la voix étranglée.

«FAIRE QUELQUE CHOSE QUI DURE LONGTEMPS»

Quand on traverse aujourd’hui cette bourgade côtière, avec ses restaurants de rue et son port de pêche, on ne peut manquer d’être frappé par le nombre important de maisons relativement neuves mises en vente ou en location. Cette allure de village fantôme s’explique par les bouleversements sociaux et économiques qui ont suivi le tsunami, mais aussi par la focalisation des organisations humanitaires sur des projets de reconstruction tous azimuts. «Certains donateurs se sont dit : « On va construire des bâtiments, comme cela on pourra mettre le nom de notre organisation dessus. » Ils voulaient faire quelque chose qui dure longtemps. C’est pour cela qu’il y a beaucoup de maisons à vendre, beaucoup de très jolis bâtiments qui sont inoccupés», explique Maneerat Grueneberger, une Thaïlandaise originaire de la région qui a créé la fondation caritative Love Andaman peu après le tsunami.

A Thai man walks past ruins at Ban Nam Khem in Phang Nga province about 130 km (81 miles) north of the Thai resort island of Phuket.  A Thai man walks past ruins at Ban Nam Khem in Phang Nga province about 130 km (81 miles) north of the Thai resort island of Phuket, January 19, 2005. More than 5,000 people are listed as dead in Thailand from the tsunami and over 3,000 still missing. REUTERS/Chaiwat Subprasom - RTRKWY5

En janvier 2004, après le tsunami. (Photo Chaiwat Subprasom. Reuters).

Mais la désertion de Baan Nam Khem par ses habitants d’origine vient aussi de la peur d’un nouveau tsunami. «Si vous observez, vous verrez que beaucoup d’habitants regardent sans cesse la mer», indique le bonze Manat. Les chefs de famille, qui, très souvent, étaient pêcheurs, ont changé de métier et se sont installés ailleurs. Les femmes qui avaient perdu leur mari n’ont pas voulu rester. Les familles se sont dispersées. «La chaleur humaine qui liait autrefois notre communauté a disparu», regrette Nong Chanthawong.

Ce sont maintenant essentiellement des travailleurs migrants venus de Birmanie, pêcheurs ou employés dans des hôtels des environs, qui vivent dans les maisons le long de la côte, qu’ils louent aux habitants d’origine. Certains appellent désormais Baan Nam Khem le «village birman».

Peu s’en souviennent en Thaïlande, mais, jusqu’aux années 70, Baan Nam Khem vivait des mines de fer qui jalonnaient cette région appelée alors en thaï Muang Lek,le «pays du fer». Quand les mines ont été épuisées au début des années 80, Baan Nam Khem a connu une forte dépression économique. «C’était devenu un village miséreux, où le crime régnait et où les enfants n’allaient pas à l’école», se souvient Maneerat. Pour elle, l’assistance apportée après le tsunami a eu au moins un mérite, celui de «nettoyer le village» et d’améliorer le niveau de vie. Plusieurs écoles ont été fondées par des organisations humanitaires, comme la fondation Prateep ou la fondation protestante New Light, d’abord pour s’occuper des «orphelins du tsunami», puis s’adressant à d’autres parties de la population, y compris les enfants des travailleurs migrants birmans. Maneerat a elle-même investi avec son mari allemand dans un complexe touristique où elle n’emploie que des jeunes villageois de Baan Nam Khem, «même s’ils n’ont aucune expérience dans l’hôtellerie».

To go with AFP story THAILAND-ASIA-TSUNAMI-ANNIVERSARY by Preeti Jha and Thanaporn Promyamyai<br /><br /><br /><br /><br /><br /><br /><br /><br /><br />
This picture taken on December 4, 2014 shows people visiting the Ban Nam Khem tsunami memorial park wall in Khao Lak. Ten years after the deadliest tsunami on record wrought destruction across the Indian Ocean, authorities fear creeping complacency is undermining a hi-tech warning system to prevent similar losses in the future.  AFP PHOTO / Nicolas ASFOURI

Le mémorial en hommage aux victimes, le 4 décembre 2014. (Photo Nicolas Asfouri. AFP)

L’intervention massive d’organisations chrétiennes, notamment protestantes, à Baan Nam Khem avait très tôt suscité la polémique. Dans les semaines qui avaient suivi la catastrophe, un temple protestant avait été établi à proximité de deux bateaux de pêche transportés par la vague géante à plusieurs centaines de mètres à l’intérieur des terres. Trois églises protestantes, liées à des organisations humanitaires, sont maintenant présentes dans ce village qui n’en comptait aucune avant le tsunami. Ces organisations avaient apporté assistance matérielle et réconfort moral aux villageois, mais en avaient aussi profité pour essayer de convertir ces bouddhistes au christianisme.
Charirat Pheumplian, une villageoise qui a perdu cinq membres de sa famille dans le tsunami et vit dans une maison à une vingtaine de mètres de la plage, admet que le soutien des chrétiens soudainement débarqués dans le village lui avait permis de traverser une période difficile : «Ils nous ont beaucoup aidés. Pendant une période, je suis allée à leurs cérémonies, cela m’a fait beaucoup de bien. Maintenant, je n’y vais plus par manque de temps.»

POISSONS À LA SURFACE ET FUITE DES CRABES

Dix ans après la catastrophe, les organisations protestantes sont toujours présentes à Baan Nam Khem, comme la fondation New Light, attachée à l’Eglise baptiste et qui s’occupe de l’éducation des enfants des travailleurs migrants birmans. Ces associations ont été particulièrement actives dans le soutien aux Moken (gitans de la mer), une minorité ethnique de plongeurs-pêcheurs qui vivait sur des îles de la mer d’Andaman, combinant assistance humanitaire et prosélytisme. Un mélange qui ne choque pas forcément les locaux, la dévotion des pasteurs ayant marqué les esprits.«Ne blâmons pas les organisations chrétiennes. Au moins, elles sont professionnelles. Ce n’est pas comme dans les organisations bouddhistes où nous n’avons pas un seul professionnel de l’humanitaire. Les chrétiens, eux, étaient parfaitement préparés», lance le moine Manat dans son temple du Pardon de la mer.Devenus chrétiens ou non, les Moken ont vu leur vie transformée. Au moment de la catastrophe, leur connaissance de la mer et de ses humeurs les avait alertés. Les anciens leur avaient souvent raconté que, plusieurs fois dans le passé lointain, lelaboon avait «avalé des îles entières» et leur en avaient décrit les signes avant-coureurs : le calme inhabituel de la mer avant le déferlement, l’apparition à la surface des poissons vivant dans les profondeurs, la fuite des crabes de la plage… La plupart des Moken avaient eu le temps de se réfugier à l’intérieur des terres, d’où un nombre relativement faible de victimes parmi eux. Depuis, beaucoup ont quitté les îles et se sont sédentarisés dans des villages bâtis par des organisations humanitaires sur la côte, comme à Theparak, établi par Caritas International à quelques dizaines de kilomètres au nord de Baan Nam Khem. Même s’ils ont dû quitter leur village d’origine sur l’île ou, pour certains, abandonner leur vie de nomades des mers, ils disent préférer habiter dans ces villages pourvus d’électricité où ils peuvent continuer de travailler comme pêcheurs. «Avant, quand nous étions malades, c’était un vrai casse-tête, explique Koot Kla Talay, un pêcheur moken de Theparak. Il fallait prendre un bateau pour rejoindre un hôpital sur le continent. Maintenant, nous bénéficions à la fois de la proximité de la mer et des aspects pratiques de la vie sur la côte.»

George Town, capitale de l’île de Penang en Malaisie, se situe sur la côte nord-est. Son centre historique est classé à l’Unesco depuis le 7 juillet 2008. CaptureVoilà déjà une semaine que nous nous promenons dans les rues historiques de George Town. Et depuis que Erwin est reparti à Bangkok, nous nous sommes installés à l’hôtel Noordin Mews. C’est un endroit de charme, bien situé par rapport au centre, accessible à pied, mais malheureusement hors budget pour nous. Nous n’avons pas trouvé d’hôtel « convenable » autour de 50 euros pour 3. Soit il n’y avait plus de place, car c’est la haute saison à Noël/Nouvel An, soit l’hôtel ne nous convenait pas (rapport qualité/prix). Nous aurons un budget plus serré pour notre prochain voyage pour rééquilibrer la balance.

IMG_1626L’hôtel Nordin Mews est une ancienne mansion datant des années 20 qui a été magnifiquement restaurée. Les chambres sont décorées dans le thème du cinéma asiatique des années 50 et 60.

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J’écris ce petit article pour faire quelques rectifications par rapport à ce qu’on peut lire sur le net. Premièrement, on ne va pas à Penang pour ses plages (Lire la page Notre Arrivée à Penang). Par exemple, si vous allez sur la page du site Tourism Malaysia, il se peut que vous pensiez que l’eau de la mer est de la même couleur que celle que vous voyez sur la photo, détrompez-vous… elle n’est pas cristalline. (Par contre, la mer qui entoure l’île de Langkawi est peut-être magnifique. Nous n’y sommes pas encore allés.)Capture

Pour tout vous dire, on vient à Penang pour sa culture, sa diversité, sa cuisine de rue (food street) et son ambiance. Personnellement, on a adoré le côté « heritage » des vieilles demeures colorées de Georges Town, mais aussi les temples taoïstes et l’atmosphère qui y règne. J’ai essayé de regrouper les endroits que nous avons préférés, mais il se peut que j’en oublie…

Le Street Art : quand l’art s’invite en ville

En 2012, lors du Festival de George Town, l’artiste Lituanien Ernest Zacharevic est invité à peindre dans le cadre d’un projet artistique toute une collection de peintures murales à l’intérieur de la vieille ville. La peinture la plus plébiscitée par le public est Kids on Bicycle (Voir la photo ci-dessous).

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Kids on bicycle by Ernest Zacharevic

Munis de notre plan (à retirer à l’Office de Tourisme ou dans certains hôtels), nous nous lançons dans un jeu de pistes et nous perdons avec délice dans les vieilles rues de George Town. Chacun part à la recherche des célèbres oeuvres murales qui ornent les murs noircis par le temps. Devant les plus belles oeuvres, nous devons parfois attendre notre tour pour les photographier ou se faire photographier devant.

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Dans le dédales des rues, nous remarquons également des dessins qui sont en fait des structures de fer. Beaucoup d’entre eux comportent des messages humoristiques qui amusent les visiteurs. Ces oeuvres, au nombre de 52, font partie du « Making George Town » et ont été commandées par l’office de tourisme de Penang. Ces anecdotes picturales nous apprennent des tas de choses, comme « This is the place where the famous shoe designer started his apprenticeship ». (Voici le lieu où le célèbre designer de chaussures, Jimmy Choo, a commencé son apprentissage.)

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Mr Five Foot Way

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Old Motorcycle

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Kungfu Girl

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Trishaw Man

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Roti Benggali

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Quiet please

Il existe de nombreuses oeuvres murales indépendantes. Celle ci-dessous se trouve juste à côté de notre hôtel, le Noordin Mews.

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Sur la route des Clan Jetties (village flottant près des docks), j’immortalise quelques peintures défraîchies par le vent salé et le temps qui passe. Les trompe-l’oeil sont parfois très réussis. Dans l’oeuvre ci-dessous, l’arbre fait partie du tableau.DSCN6677DSCN6686 DSCN6678 DSCN6680 DSCN6681 DSCN6684

 Pour en savoir plus sur le Street Art de George Town, cliquez sur Visit Penang.

Le China Town (le quartier chinois)

Quelques jours avant son départ pour Bangkok, nous faisons un petit tour avec Erwin dans le quartier chinois, plus exactement dans la rue du Lebuh Campbell. C’est un quartier très agréable où il y a un tas de choses à découvrir quand on pousse un peu les portes…

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… de la « pharmacie » chinoise. Derrière des vitrines sont exposés des centaines de pots en verre contenant des herbes séchées et autres choses indéfinissables pour nous qui ne connaissons pas bien toute la pharmacopée chinoise. Nous regardons le pharmacien faire ses préparations sous l’oeil attentif de sa cliente. A la question « Existe-t-il un remède miracle contre les acouphènes ? », le pharmacien secoue négativement la tête… Allez, on ne se laisse pas submerger par cette mauvaise nouvelle et on continue la balade avec le sourire jusqu’à une grande boutique de thé…

IMG_1305IMG_1306 IMG_1307 IMG_1308On y trouve de très grandes couronnes de thé, mais aussi des théières hors de prix. Je demande au commerçant s’il vend du thé fumé ? Il me regarde effaré et me dit : « Smoked tea has a very low quality ! ». Alors, là, je tombe des nues ! Moi qui adore ça ! Il se dirige vers son comptoir et nous fait sentir le « meilleur » thé au monde, qui d’après lui est le Oolong tea. Le petit paquet qu’il me montre coûte une fortune… Nous le remercions infiniment pour toutes ces informations, et continuons notre balade découverte jusqu’à la Armenian Street (Lebuh Armenian), l’une de nos rues préférées.

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Histoire de l’Armenian Street

Les Arméniens sont arrivés à Penang en passant par l’Inde. En 1822, ils y construisent  leur église, l’Eglise arménienne de Saint-Grégoire. Le lieu de culte est démoli vers 1937, époque à laquelle la plupart des Arméniens quitteront Penang.
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Little India (le quartier indien)

Le quartier indien est situé au coeur de George Town, entre les rues « Queen Street », « King Street » et « Market Street ». Difficile de le manquer avec l’ambiance festive qui y règne. D’immenses haut-parleurs diffusent une musique Bollywood qui donne envie de danser. Il nous est très agréable de flâner aux milieux des échoppes en nous laissant guider par les odeurs de jasmin et d’encens. Je m’attarde sur les saris aux couleurs joyeuses. La tentation est là, mais la raison prend le dessus : ma valise est déjà énorme ! De plus, Thierry et Théophile sont déjà bien loin dans la rue et je ne préfère pas les perdre de vue, car je n’ai pas de téléphone sur moi. 

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Le charme surrané des mansions

Les vieilles demeures chinoises sont un plaisir pour les yeux. On aimerait qu’elles soient toutes restaurées comme la célèbre Blue Mansion (Cheong Fatt Tze Mansion). Mon plaisir a été d’en photographier quelques-unes au gré de mes balades.

Quelques mots sur la Cheong Fatt Tze Mansion

La Mansion, éblouissante dans son bleu indigo d’origine, est probablement l’une des maisons traditionnelles chinoises les mieux conservées de George Town. La bâtisse, soigneusement restaurée à l’authentique, se visite aujourd’hui telle un musée et propose même des chambres au charme éclectique. La Blue Mansion a été édifiée à la fin du 19e siècle par Cheong Fatt Tze, un homme d’affaires chinois très riche pour y loger ses dix épouses. Rien que ça ! La Blue Mansion est inscrite au patrimoine Asie-Pacifique 2000 et a été récompensée par l’UNESCO.

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A George Town, j’aime les différentes faïences que l’on trouve au sol, sous les arcades, mais aussi sur le bas des murs de maison. Il y en a vraiment pour tous les goûts.DSCN6369DSCN6413 DSCN6414 DSCN6415

Temples taoïstes

Le premier temple chinois que nous visitons à George Town est un temple taoïste. Il s’agit du Tean Hou Temple (Hainan Temple). J’aime ses portes « lune », je les trouve inspirantes, et je me demande pourquoi en Europe on fait des ouvertures de porte rectangulaires ? DSCN6475IMG_1390IMG_1397 IMG_1398Le Temple de Hainan est un temple chinois dédié à la divinité protectrice des marins, Ma Chor Po, également appelée Mazu. Fondé en 1866, le bâtiment que nous voyons aujourd’hui a été achevé en 1895. Le Temple de Hainan est construit dans le style de Hainan. Ses murs extérieurs sont richement sculptés dans le style de la dynastie Sung. Pour sa rénovation complète en 1995, d’authentiques artisans de Chine sont venus à Penang pour le « remodeler » entièrement.

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DSCN6419 DSCN6462IMG_1402 DSCN6464 DSCN6466 DSCN6467 DSCN6468 DSCN6469 DSCN6472DSCN6478 DSCN6479 DSCN6481 DSCN6482 DSCN6484 DSCN6487 DSCN6488 DSCN6489Je trouve qu’il y règne une atmosphère particulière différente de celle des temples bouddhistes. Personnellement, j’aime vraiment les deux, je n’ai pas de préférence. Erwin, qui apprécie la visite et qui a assisté comme moi et Thierry à une étrange cérémonie, souhaite en savoir plus sur le taoïsme et pose quelques questions à un garçon et son père qui semblent ravis qu’on s’intéresse à leur culture.

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