Ce matin, nous faisons une dernière sortie famille, car demain nous quittons Mandalay (et le Myanmar) pour la Thaïlande. La direction choisie est celle de Mingun pour voir la plus grosse cloche du monde encore sonnante ! Mingun est une ville bordée par le fleuve Ayeyarwady dans la région de Sagaing.
Dans le Routard, il est écrit qu’on ne peut accéder à cette ville qu’en bateau… Ce n’est plus vrai, l’information n’a probablement pas été mise à jour, car la ville est accessible en voiture grâce au magnifique pont en métal que nous traversons au niveau de Sagaing.
Avant de voir cette fameuse cloche, le chauffeur nous dépose (à Mingun) devant un monument extraordinaire : la pagode Mingun Pahtodawgyi. En descendant de voiture, je reste bouche bée devant la grandeur du site en ruines. L’histoire de cette bâtisse vaut vraiment la peine d’en parler… En 1790, le roi Bodawpaya, réputé pour sa « folie des grandeurs », décide de construire la plus grande pagode du monde. Pour y parvenir, il fait travailler durement des milliers de personnes, dont des prisonniers et des esclaves. Mais pendant sa construction, une astrologue prédit la mort du roi si jamais la pagode est achevée. Comme ce dernier est superstitieux, les travaux sont ralentis pour ne pas dire abandonnés. Ainsi, lorsque le roi meurt en 1819, les travaux de la pagode sont définitivement arrêtés. Initialement, la pagode devait atteindre 150 m de haut, mais à sa mort, sa hauteur ne dépasse pas les 50 m. Puis, le destin s’acharne curieusement… Quelques années plus tard, le 23 mars 1839, un séisme vient la secouer, la fissurant de toute part… Incroyable, n’est-ce pas ?
Lorsque nous rejoignons la voiture garée sur le parking du site, notre chauffeur est dans les bras de Morphée. Je tambourine doucement la vitre, il se réveille un peu gêné… Nous lui laissons un peu de temps pour redescendre sur terre afin qu’il nous emmène voir la célèbre cloche. Fondue entre 1808 et 1810, elle a été conçue pour être abritée dans la pagode Pahtodawgyi. Contrairement à la pagode, elle est en bon état et pèse pas moins de 90 tonnes !
Après avoir sonné la cloche, le taxi nous conduit à un autre site situé à quelques mètres de là : la magnifique pagode blanche Hsinbyume. C’est le prince Bagydaw qui a ordonné sa construction en 1816 en mémoire de sa première femme tant aimée, la princesse Hsinbyume, morte en couches. L’édifice serait inspiré du temple Sulamani du village Minnanthu à Pagan. Les sept terrasses concentriques superposées qui le composent symboliseraient le mythique mont Meru et les sept chaînes de montagnes qui l’entourent. La pagode endommagée par le séisme de 1836 a été restaurée par le roi Mindon en 1874.



Face à cette très belle pagode s’étendent de belles cultures (maïs, arachides…) le long du fleuve.














Chaque artisan travaille le jade dans son petit atelier ouvert vers l’extérieur, de façon à être vu de l’allée où circulent les badauds et les acheteurs. A Bagan, j’ai craqué pour un bracelet rigide en jade, appelé bangle, et je suis curieuse de voir comment et combien sont vendus ces bracelets. Il est pratiquement impossible de communiquer avec les artisans qui taillent ou polissent les pierres, car les ateliers sont hyper bruyants, les artisans sont très occupés et je doute en plus qu’ils parlent l’anglais. Par contre, dans les allées, certains marchands viennent nous proposer des pièces en jade. 
Il faut savoir que plus le jade est de couleur vert émeraude et translucide, plus il sera cher. Certains morceaux de jade se vendent parfois plus cher que l’émeraude elle-même. Ce jade, dans sa plus belle qualité, s’appelle le jade « impérial ». Le Myanmar est réputé pour posséder le plus beau jade du monde.
Nous sommes très impressionnés par le coin des experts. Le vendeur est assis à une petite table en face de l’acheteur qui examine le jade sous toutes les coutures. Pratiquement tous les acheteurs sont d’origine chinoise. Ce sont de fins connaisseurs, le jade fait partie de la culture chinoise depuis plusieurs milliers d’années.
Il règne une atmosphère très particulière dans ce marché : d’un côté, il y a les artisans qui meulent les pierres, plus loin c’est le quartier où se négocient les plus belles pierres, et à deux pas des espaces de jeux distraient les Birmans avant que ceux-ci ne reprennent le travail.


Thierry et moi entrons dans une boutique où sont exposés des bijoux en jade – mais pas seulement – j’y aperçois des pierres précieuses. Les prix sont tellement élevés que nous en sortons presque aussitôt. Plus loin, une autre petite boutique propose de jolis colliers en perles de jade, mais quand la dame m’annonce le prix, je suis prête à laisser tomber mon idée d’acheter quelques souvenirs. A côté de moi, un homme birman d’une soixantaine d’années essaie de me convaincre d’acheter, car le jade est de très belle qualité. Je lui confie alors que nous ne sommes pas des acheteurs professionnels et que nous sommes venus au marché du jade pour acheter quelques souvenirs bon marché. Par la même occasion, je me défais de mon bracelet de jade que je porte depuis mon séjour à Bagan et le lui montre. Il hoche la tête, ayant bien compris le message, à savoir je cherche une qualité de jade moins pure à un prix abordable. Il nous propose de le suivre, ce que nous faisons, curieux de voir où il va nous mener. Il s’arrête près de l’entrée, dans une allée où sont alignés plusieurs étals qui proposent une quantité incroyable de bijoux en jade. Ici tout se marchande dans la bonne humeur et les rires… C’est parfait !



























Par coquetterie, certaines femmes birmanes dessinent des motifs simples sur leurs joues, comme la forme d’une feuille nervurée… D’autres soulignent également l’arête de leur nez.
Le thanaka est traditionnellement vendu en petits rondins ou en fagots, mais on peut aussi l’acheter sous forme de petit savon rectangulaire. 








Après quelques achats, nous rejoignons Myo autour d’une table sur laquelle sont disposées des assiettes de salade de thé. C’est la deuxième fois que j’en mange depuis mon arrivée au Myanmar. C’est une composition que je trouve intéressante, mais que je ne pourrai pas reproduire en France, car notre ami m’indique que la salade ne se compose pas des feuilles de thé qu’on utilise pour le thé. (Je tenterai de chercher la vérité sur cette salade, car ça m’intrigue vraiment !)
Après cette pause sympathique, nous remontons en voiture et découvrons la région de Popa et ses vallées luxuriantes, très différente de celle de Bagan. Les terres sont fertiles et largement cultivées, d’ailleurs les marchés sont un plaisir pour les yeux : fleurs, fruits, légumes à profusion… Myo nous explique que la région de Popa bénéficie d’un climat différent avec plus de précipitations, combiné avec de nombreuses sources d’eau et une terre riche due à la décomposition de la roche volcanique.
Au pied du Mont Popa, Myo nous laisse et nous donne rendez-vous dans une heure, le temps pour nous de gravir les 777 marches et de les redescendre ! Thierry achète une petite bouteille d’eau… il se peut que l’on en ait besoin. Nous nous déchaussons et commençons l’ascension de ce grand escalier. Les macaques semblent avoir élu domicile dans le temple. Il y en a partout… Des vendeurs proposent aux touristes d’acheter des cônes de cacahuètes pour les balancer aux singes. Pas terrible comme idée, les macaques s’énervent et s’enhardissent. D’ailleurs, l’un d’eux vient me voler ma bouteille d’eau pour aller la croquer dans un coin. Malgré le soin apporté par les laveurs de marches, les macaques font leurs besoins partout. J’en ai plein les pieds… C’est sûr que ça gâche un peu la sortie. Mais heureusement, au sommet du piton volcanique, la vue est extraordinaire !



























Le second temple s’appelle « Shwe gu gyi ». Il date du XIIème siècle. De sa terrasse, la vue est extraordinaire ! 





















































































Alors que le taxi passe près de la colline de Mandalay, notre regard est attiré par les beaux stûpas de la pagode Kuthodaw. De loin, l’ensemble me fait penser à un village chaulé des Cyclades. 

Pieds nus, j’avance au milieu des stûpas qui se découpent dans un ciel intensément bleu. Thierry, derrière mois, prend des dizaines de clichés. Les pavés sont tièdes, les allées bordées de soleil et la chaleur me remplit l’âme et la tête…
La construction de la pagode « Kuthodaw » remonte à 1857, sous le règne du roi Mindon Min. Chaque stûpa abrite une stèle de marbre sur laquelle sont gravées, recto verso, des pages entières du Tipitaka, l’enseignement de Bouddha. Il s’agit là du plus grand livre du monde avec au total 279 stèles. Ces lignes sont gravées dans le langage Pâli qui n’est pas connu par la majorité des Birmans. Seuls quelques moines savent interpréter les textes. Impressionnant, non ?

Le silence des lieux est parfois troublé par les rires des enfants qui jouent à cache cache. Pétillants de vie, on lit dans leurs yeux espiègles une tendre complicité. Qu’ils sont beaux ces petits Birmans !




