Elle avait pris ce pli, poème extrait des Contemplations et dédié à Léopoldine, morte accidentellement par noyade.
Elle◡avait pris ce pli dans son◡âge enfantin
De venir dans ma chambre un peu chaque matin ;
Je l’attendais ainsi qu’un rayon qu’on◡espère ;
Elle◡entrait, et disait : Bonjour, mon petit père ;
Prenait ma plume, ouvrait mes livres, s’asseyait
Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait,
Puis soudain s’en◡allait comme◡un oiseau qui passe.
Alors, je reprenais, la tête un peu moins lasse,
Mon◡oeuvre interrompue, et, tout◡en◡écrivant,
Parmi mes manuscrits je rencontrais souvent
Quelque arabesque folle et qu’elle◡avait tracée,
Et mainte page blanche entre ses mains froissée
Où, je ne sais comment, venaient mes plus doux vers.
Elle◡aimait Dieu, les fleurs, les◡astres, les prés verts,
Et c’était◡un◡esprit avant d’être◡une femme.
Son regard reflétait la clarté de son◡âme.
Elle me consultait sur tout à tous moments.
Oh ! que de soirs d’hiver radieux◡et charmants
Passés à raisonner langue, histoire et grammaire,
Mes quatre◡enfants groupés sur mes genoux, leur mère
Tout près, quelques◡amis causant au coin du feu !
J’appelais cette vie être content de peu !
Et dire qu’elle◡est morte ! Hélas ! que Dieu m’assiste !
Je n’étais jamais gai quand je la sentais triste ;
J’étais morne au milieu du bal le plus joyeux
Si j’avais, en partant, vu quelque ombre en ses◡yeux.