Extrait de « DES HEURES ENTIÈRES AVANT L’EXIL » (2004) – Frédéric Sonntag
Merci, merci beaucoup, merci, je … je suis très touchée, pffouh !
Merci, merci beaucoup, merci, je… je suis très touchée, pffouh ! c’est… je ne sais pas quoi dire, je n’ai rien préparé, je ne m’y attendais pas du tout… je suis très◡émue, excusez-moi, c’est… c’est très◡impressionnant de se retrouver ici, d’être là devant vous, c’est beaucoup plus◡impressionnant que ce que j’imaginais, c’est… excusez-moi, je, je suis vraiment très◡émue, c’est… pffouh ! ça fait beaucoup d’un seul coup… je ne sais plus ce que je dois dire, je… donc, je, pffouh !… voilà, je reprends mes◡esprits, je… je voulais tout d’abord vous remercier, vous tous, pour ce très grand bonheur et ce très grand◡honneur que vous me faites, je suis vraiment très touchée, vraiment… je tenais également à remercier tous ceux avec lesquels je souhaite partager cette distinction, c’est-à-dire toute l’équipe du film, tous mes partenaires de jeu mais◡aussi toute l’équipe technique, vraiment merci à vous tous de votre soutien, de votre gentillesse et de votre◡amour, merci pour tout, merci, je vous◡aime tous, vraiment, je vous◡adore… Je voudrais aussi remercier, heu… je voudrais remercier ma bonne◡étoile et mon◡ange gardien — je me suis si souvent demandé ce qu’ils foutaient ces deux-là, que je voudrais me faire pardonner auprès d’eux, pardon les gars, désolée d’avoir douté de vous. Je voudrais également remercier, heu… je ne sais pas, heu… j’ai envie de, de remercier tout le monde, de, de remercier la terre◡entière, de… j’ai envie de remercier, de remercier le monde, l’amour… et Dieu… et… et le cinéma, de, de remercier la vie, parce que, je crois, le cinéma, c’est la vie et la vie, c’est… c’est le cinéma… voilà, je, je voudrais remercier la vie, et, heu… et le rêve◡aussi, parce que, je crois, sans le rêve, on n’est rien, je veux dire, sans le rêve, y a pas de vie, heu… Et, pour finir, je voudrais remercier ceux-là — mes◡amis, mes parents, mes frères — sans lesquels je ne serais pas là ; je voudrais remercier en particulier mon◡amoureux, sans lequel rien ne serait possible, sans lequel rien ne serait probable.
Longtemps cette◡habitude (c’était un pli — était-il mauvais était-il bon —, c’était un pli que j’avais pris), longtemps cette◡habitude prise d’imaginer, lors de certains trajets — certaines◡errances, flâneries, échappées dans la ville —, cette◡habitude prise d’imaginer le discours que je ferais si je recevais le prix de la meilleure◡actrice lors d’une cérémonie de récompenses des métiers du cinéma, d’imaginer ma réaction si l’on me remettait l’oscar de la meilleure◡actrice par◡exemple, le discours de remerciement que je ferais. Une◡habitude prise, allez savoir pourquoi, un réflexe idiot impossible à réprimer. Chaque fois qu’il m’arrivait, marchant dans la rue, de penser à ce genre de cérémonie, je ne pouvais m’empêcher d’imaginer un nouveau discours de remerciement, en fonction de mon◡humeur du moment. Il fallait me voir, alors, m’emporter sur les◡avenues, sur les boulevards, en plein cœur de la métropole, me laisser emporter par mon flot de parole (intarissable source), il fallait me voir faire◡abstraction de l’espace et du temps — abstraction bientôt qui gagnait mon corps —, faire le jeu de mon discours et me laisser dépasser par l’ivresse et le trac ; et le décor autour déjà s’évanouissait (toujours je m’emportais, toujours j’en◡oubliais la rue, ces feux multicolores, ces panneaux d’interdictions notoires, ces signalisations tristes, ces fantômes et ces créatures ; j’en◡oubliais jusqu’aux raisons mêmes de mon déplacement, jusqu’à ma destination, j’en◡oubliais jusqu’à mon destin — qui n’était en rien celui d’une star de cinéma, et qui en prenait de moins◡en moins la direction, j’oubliais tout ; au plein cœur de la métropole, j’étais ailleurs), j’étais seule devant un parterre de stars hollywoodiennes et je remerciais le monde de m’avoir fait◡ainsi, de m’avoir◡élevée jusqu’à ce rang d’étoile ; moi, je faisais mon discours et plus rien ne comptait ; je remerciais le monde, il fallait bien, une récompense pareille, cet◡honneur qu’on me faisait, la reine que je devenais, on me célébrait ! Il fallait me voir. Je pleurais presque. Parfois je pleurais. De joie et de douleur et de joie. Je pleurais sur le trottoir argenté d’une métropole du monde occidental. Et dans◡un dernier sanglot, dans◡un dernier soupir, je remerciais Dieu, mes◡amours, et le monde ; je remerciais la métropole infinie, et je prenais la fuite◡en courant.
Apprenez à prononcer correctement le français avec des exercices de phonétique !
Le blanc dindon de Ionesco
Jean : Dans la basse-cour, depuis dimanche, le blanc dindon dont ta tante et toi vous me fîtes don, lundi dernier, fait la cour à la dinde blanche de mon cousin fils d’oncle Aron.
Gaston : Ce n’était pourtant pas◡un lundi, mais bien un vendredi que moi, Gaston, ton cousin, je te fis don d’un blanc dindon dont tu m’apprends qu’il fait la cour, dans la basse-cour, à la blanche dinde dont te fit don l’autre cousin, fils d’oncle Aron, mari de la tante Angèle que tant tu aimes.
Jean : Gaston !
Gaston : Hein ?
Jean : Gaston, entends-tu, ne trouves-tu pas que cette conversation pour◡apprendre à prononcer le son « on », le son « an », le son « in », à l’air con ?
Gaston : Jean, tu as raison. Abstenons-nous◡en donc. Quand nous reverrons-nous ?
Lorsque « Les Lettres de mon Moulin » paraissent en 1866, Alphonse Daudet reçoit un très beau compliment de Frédéric Mistral (poète provençal) : « Vous avez su écrire le provençal en Français… ! »
En 1954, Fernandel – le plus provençal des acteurs français – enregistre ces lettres. Sa voix tendre, profonde et juste, est parfaite pour la lecture de ces contes.
L’extrait proposé « La chèvre de Monsieur Seguin » est un classique qui a traversé l’enfance de beaucoup de Français. Le conte faussement naïf reprend des thèmes chers à l’auteur : la liberté, l’amour de son prochain, la cupidité punie et l’honneur…
J’aime réécouter cette belle histoire tendre et plein d’humanité… Fermez les yeux et laissez-vous guider par cette belle voix qui chante la Provence… un peu de soleil en ce novembre gris et froid.
Attention cette histoire pourrait effrayer les tout-petits… !
Monsieur Seguin n’avait jamais◡eu de bonheur avec ses chèvres. Il les perdait toutes de la même façon ; un beau matin, elles cassaient leur corde, s’en◡allaient dans la montagne, et là-haut le loup les mangeait. Ni les caresses de leur maître, ni la peur du loup, rien ne les retenait. C’étaient, paraît-il, des chèvres indépendantes, voulant◡à tout prix le grand◡air et la liberté. Le brave M. Seguin, qui ne comprenait rien au caractère de ses bêtes, était consterné. Il disait : « C’est fini ; les chèvres s’ennuient chez moi, je n’en garderai pas◡une. » Cependant, il ne se découragea pas, et, après◡avoir perdu six chèvres de la même manière, il◡en acheta une septième. Seulement, cette fois, il◡eut soin de la prendre toute jeune, pour qu’elle s’habituât mieux à demeurer chez lui. Ah ! qu’elle◡était jolie la petite chèvre de M. Seguin ! qu’elle◡était jolie avec ses◡yeux doux, sa barbiche de sous-officier, ses sabots noirs et luisants, ses cornes zébrées et ses longs poils blancs qui lui faisaient une houppelande ! C’était presque aussi charmant que le cabri d’Esméralda – et puis, docile, caressante, se laissant traire sans bouger, sans mettre son pied dans l’écuelle. Un◡amour de petite chèvre… Monsieur Seguin avait derrière sa maison un clos entouré d’aubépines. C’est là qu’il mit la nouvelle pensionnaire. Il l’attacha à un pieu au plus bel◡endroit du pré, en◡ayant soin de lui laisser beaucoup de corde, et de temps◡en temps il venait voir si elle◡était bien. La chèvre se trouvait très◡heureuse et broutait l’herbe de si bon cœur que M. Seguin était ravi. « Enfin, pensait le pauvre◡homme, en voilà une qui ne s’ennuiera pas chez moi ! » M. Seguin se trompait, sa chèvre s’ennuya. Un jour, elle se dit en regardant la montagne : « Comme◡on doit◡être bien là-haut ! Quel plaisir de gambader dans la bruyère, sans cette maudite longe qui vous◡écorche le cou !… C’est bon pour l’âne ou le bœuf de brouter dans◡un clos !… Les chèvres, il leur faut du large. » À partir de ce moment, l’herbe du clos lui parut fade. L’ennui lui vint. Elle maigrit, son lait se fit rare. C’était pitié de la voir tirer tout le jour sur sa longe, la tête tournée du côté de la montagne, la narine ouverte, en faisant Mé !… tristement. M. Seguin s’apercevait bien que sa chèvre avait quelque chose, mais il ne savait pas ce que c’était… Un matin, comme il◡achevait de la traire, la chèvre se retourna et lui dit dans son patois : « Écoutez, monsieur Seguin, je me languis chez vous, laissez-moi aller dans la montagne. – Ah ! mon Dieu !… Elle◡aussi ! » cria M. Seguin stupéfait, et du coup il laissa tomber son◡écuelle ; puis, s’asseyant dans l’herbe à côté de sa chèvre : « Comment, Blanquette, tu veux me quitter ! » Et Blanquette répondit : « Oui, monsieur Seguin. – Est-ce que l’herbe te manque ici ? – Oh ! non, monsieur Seguin. – Tu es peut-être attachée de trop court. Veux-tu que j’allonge la corde ? – Ce n’est pas la peine, monsieur Seguin. – Alors, qu’est-ce qu’il te faut ? qu’est-ce que tu veux ? – Je veux aller dans la montagne, monsieur Seguin. – Mais, malheureuse, tu ne sais pas qu’il◡y a le loup dans la montagne… Que feras-tu quand◡il viendra ? – Je lui donnerai des coups de cornes, monsieur Seguin. – Le loup se moque bien de tes cornes. Il m’a mangé des biques autrement encornées que toi… Tu sais bien, la pauvre vieille Renaude qui était◡ici l’an dernier ? une maîtresse chèvre, forte et méchante comme◡un bouc. Elle s’est battue avec le loup toute la nuit… puis, le matin, le loup l’a mangée. – Pécaïre ! Pauvre Renaude !… Ça ne fait rien, monsieur Seguin, laissez-moi aller dans la montagne. – Bonté divine !… dit M. Seguin ; mais qu’est-ce qu’on leur fait donc à mes chèvres ? Encore◡une que le loup va me manger… Eh bien, non… je te sauverai malgré toi, coquine ! et de peur que tu ne rompes ta corde, je vais t’enfermer dans l’étable, et tu y resteras toujours. » Là-dessus, M. Seguin emporte la chèvre dans◡une étable toute noire, dont◡il ferma la porte à double tour. Malheureusement, il◡avait oublié la fenêtre, et à peine eut-il le dos tourné, que la petite s’en◡alla… Quand la chèvre blanche arriva dans la montagne, ce fut◡un ravissement général. Jamais les vieux sapins n’avaient rien vu d’aussi joli. On la reçut comme◡une petite reine. Les châtaigniers se baissaient jusqu’à terre pour la caresser du bout de leurs branches. Les genêts d’or s’ouvraient sur son passage, et sentaient bon tant qu’ils pouvaient. Toute la montagne lui fit fête. Pensez, si notre chèvre était◡heureuse ! Plus de corde, plus de pieu… rien qui l’empêchât de gambader, de brouter à sa guise… C’est là qu’il◡y en◡avait de l’herbe ! jusque par-dessus les cornes, Pécaïre ! Et quelle herbe ! Savoureuse, fine, dentelée, faite de mille plantes… C’était bien autre chose que le gazon du clos. Et les fleurs donc !… De grandes campanules bleues, des digitales de pourpre à longs calices, toute◡une forêt de fleurs sauvages débordant de sucs capiteux ! … La chèvre blanche, à moitié saoule, se vautrait là-dedans les jambes en l’air et roulait le long des talus, pêle-mêle, avec les feuilles tombées et les châtaignes… Puis, tout◡à coup, elle se redressait d’un bond sur ses pattes. Hop ! la voilà partie, la tête en◡avant, à travers les maquis et les buissières, tantôt sur◡un pic, tantôt au fond d’un ravin, là-haut, en bas, partout… On◡aurait dit qu’il◡y avait dix chèvres de M. Seguin dans la montagne. C’est qu’elle n’avait peur de rien, la Blanquette. Elle franchissait d’un saut de grands torrents qui l’éclaboussaient au passage de poussière humide et d’écume. Alors, toute ruisselante, elle◡allait s’étendre sur quelque roche plate et se faisait sécher par le soleil… Une fois, s’avançant au bord d’un plateau, une fleur de cytise aux dents, elle◡aperçut en bas, tout◡en bas dans la plaine, la maison de M. Seguin avec le clos derrière. Cela la fit rire◡aux larmes. « Que c’est petit ! dit-elle ; comment ai-je pu tenir là-dedans ? » Pauvrette ! de se voir si haut perchée, elle se croyait au moins aussi grande que le monde… En somme, ce fut◡une bonne journée pour la chèvre de M. Seguin. Vers le milieu du jour, en courant de droite et de gauche, elle tomba dans◡un groupe de chamois en train de croquer une lambrusque à belles dents. Notre petite coureuse en robe blanche fit sensation. On lui donna la meilleure place à la lambrusque, et tous ces messieurs furent très galants… Il paraît même qu’un jeune chamois à pelage noir eut la bonne fortune de plaire à Blanquette. Les deux◡amoureux s’égarèrent parmi le bois une◡heure◡ou deux, et si tu veux savoir ce qu’ils dirent, va le demander aux sources bavardes qui courent invisibles dans la mousse. Tout◡à coup, le vent fraîchit. La montagne devint violette ; c’était le soir… « Déjà ! » dit la petite chèvre, et elle s’arrêta fort◡étonnée. En bas, les champs étaient noyés de brume. Le clos de M. Seguin disparaissait dans le brouillard, et de la maisonnette on ne voyait plus que le toit avec◡un peu de fumée. Elle◡écouta les clochettes d’un troupeau qu’on ramenait, et se sentit l’âme toute triste… Un gerfaut, qui rentrait, la frôla de ses◡ailes en passant. Elle tressaillit… Puis ce fut◡un hurlement dans la montagne: « Hou ! hou ! » Elle pensa au loup, de tout le jour la folle n’y avait pas pensé… Au même moment une trompe sonna bien loin dans la vallée. C’était ce bon M. Seguin qui tentait un dernier◡effort. « Hou ! hou !… faisait le loup. – Reviens ! reviens ! … », criait la trompe. Blanquette eut◡envie de revenir ; mais en se rappelant le pieu, la corde, la haie du clos, elle pensa que maintenant elle ne pouvait plus se faire à cette vie, et qu’il valait mieux rester. La trompe ne sonnait plus… La chèvre entendit derrière◡elle un bruit de feuilles. Elle se retourna et vit dans l’ombre deux◡oreilles courtes, toutes droites, avec deux◡yeux qui reluisaient… C’était le loup. Énorme, immobile, assis sur son train de derrière, il◡était là regardant la petite chèvre blanche et la dégustant par◡avance. Comme◡il savait bien qu’il la mangerait, le loup ne se pressait pas. Seulement, quand◡elle se retourna, il se mit◡à rire méchamment. « Ha ! ha ! la petite chèvre de M. Seguin » ; et il passa sa grosse langue rouge sur ses babines d’amadou. Blanquette se sentit perdue… Un moment, en se rappelant l’histoire de la vieille Renaude, qui s’était battue toute la nuit pour◡être mangée le matin, elle se dit qu’il vaudrait peut-être mieux se laisser manger tout de suite ; mais, s’étant ravisée, elle tomba en garde, la tête basse et la corne en◡avant, comme◡une brave chèvre de M. Seguin qu’elle◡était… Non pas qu’elle◡eût l’espoir de tuer le loup – les chèvres ne tuent pas le loup – mais seulement pour voir si elle pourrait tenir aussi longtemps que la Renaude. Alors le monstre s’avança, et les petites cornes entrèrent en danse. Ah ! la brave petite chevrette, comme◡elle◡y allait de bon cœur ! Plus de dix fois, elle força le loup à reculer pour reprendre◡haleine. Pendant ces trêves d’une minute, la gourmande cueillait en hâte encore◡un brin de sa chère◡herbe ; puis elle retournait au combat, la bouche pleine… Cela dura toute la nuit. De temps◡en temps, la chèvre de M. Seguin regardait les◡étoiles danser dans le ciel clair, et elle se disait : « Oh ! pourvu que je tienne jusqu’à l’aube… » L’une◡après l’autre, les◡étoiles s’éteignirent. Blanquette redoubla de coups de cornes, le loup de coups de dents… Une lueur pâle parut dans l’horizon… Le chant du coq enroué monta d’une métairie. « Enfin ! » dit la pauvre bête, qui n’attendait plus que le jour pour mourir ; et elle s’allongea par terre dans sa belle fourrure blanche toute tachée de sang… Alors le loup se jeta sur la petite chèvre et la mangea.
« Étrange disparition que celle de la lecture à voix haute. Qu’est-ce que Dostoïevski aurait pensé de ça ? Et Flaubert ? Plus le droit de se mettre les mots en bouche avant de se les fourrer dans la tête ? Plus d’oreille ? Plus de musique ? Plus de salive ? Plus de goût, les mots ? Et puis quoi, encore ! […] Est-ce qu’il [Flaubert] n’est pas définitivement mieux placé que quiconque pour savoir que l’intelligence du texte passe par le son des mots d’où fuse tout leur sens ? Est-ce qu’il ne sait pas comme personne, lui qui a tant bagarré contre la musique intempestive des syllabes, la tyrannie des cadences, que le sens, ça se prononce ? Quoi ? des textes muets pour de purs esprits ? À moi, Rabelais ! À moi, Flaubert ! Dosto ! Kafka ! Dickens, à moi ! Gigantesques brailleurs de sens, ici tout de suite ! Venez souffler dans nos livres ! Nos mots ont besoin de corps ! Nos livres ont besoin de vie !
Daniel Pennac
Il est vrai que c’est confortable, le silence du texte… on n’y risque pas la mort de Dickens, emporté après une de ses harassantes lectures publiques… le texte et soi… tous ces mots muselés dans la douillette cuisine de notre intelligence… comme on se sent quelqu’un en ce silencieux tricotage de nos commentaires ! … et puis, à juger le livre à part soi on ne court pas le risque d’être jugé par lui… c’est que, dès que la voix s’en mêle, le livre en dit long sur son lecteur… le livre dit tout.
L’homme qui lit de vive voix s’expose absolument. S’il ne sait pas ce qu’il lit, il est ignorant dans ses mots, c’est une misère, et cela s’entend. S’il refuse d’habiter sa lecture, les mots restent lettres mortes, et cela se sent. S’il gorge le texte de sa présence, l’auteur se rétracte, c’est un numéro de cirque, et cela se voit. L’homme qui lit de vive voix s’expose absolument aux yeux qui l’écoutent.
S’il lit vraiment, s’il y met son savoir en maîtrisant son plaisir, si sa lecture est acte de sympathie pour l’auditoire comme pour le texte et son auteur, s’il parvient à faire entendre la nécessité d’écrire en réveillant nos plus obscurs besoins de comprendre, alors les livres s’ouvrent grand, et la foule de ceux qui se croyaient exclus de la lecture s’y engouffre derrière lui. »
Daniel Pennac, Comme un roman (1992), Gallimard, collection « Folio », no 2724, p. 195-196
Enivrer [ɑ̃nivre] signifie rendre une personne ivre (par l’alcool). En d’autres termes, on peut être enivré d’alcool ou on peut aussi enivrer quelqu’un en le faisant boire. Toujours dans son sens propre, le verbe enivrer désigne également toutes substances, vapeurs ou fumées dont l’effet est le même que l’alcool.
Les travailleurs de la mer (1866)
Parlons maintenant de son sens figuré. Lorsque Colette écrit dans les Vrilles de la Vigne, La Baie de Somme, « La jeune maman, sous l’ombrelle de toile rayée, oublie délicieusement ses deux gosses et s’enivre, les joues chaudes, d’un roman mystérieux, habillé comme elle de toile écrue… », cela signifie simplement que le personnage du roman est exalté par sa lecture. Enivrer évoque les troubles ou sensations agréables dont on se remplit parfois. Ainsi, l’air marin peut enivrer, tout comme une musique ou n’importe quel son agréable.
Les vrilles de la vigne (1908)
Le verbe « enivrer » ne respecte pas la logique phonétique de la langue française. On a vu pendant les cours de phonétique que la combinaison « EN » faisait le son [ɑ̃] lorsqu’elle était suivie d’une consonne (Ex : ensemble [ɑ̃sɑ̃bl], enfant [ɑ̃fɑ̃]). On aurait donc la tentation de prononcer « é-ni-vrer » [enivre]. Il faudrait donc ajouter un « n » pour lever toutes les ambiguïtés : « en-ni-vrer. Littré a constaté l’incohérence de l’Académie française qui écrit énamourer mais enivrer.
La prononciation correcte est donc [ɑ̃nivre].
Enivrer… Enivrer… Enivrer…
Enfin pour terminer ce billet et mettre en pratique la prononciation de « enivrer », je vous propose de lire ou d’écouter le merveilleux poème de Baudelaire, tiré du Spleen de Paris, « Enivrez-vous ».
Enivrez-vous lu par VR
Enivrez-vous, Baudelaire, Le Spleen de Paris, XXXIII
« Il faut◡être toujours◡ivre. Tout◡est là : c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos◡épaules et vous penche vers la terre, il faut vous◡enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez◡au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure◡il◡est ; et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront : « Il◡est l’heure de s’enivrer ! Pour n’être pas les◡esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. »
Hôtelier [otəlje], Batelier [batəlje] , Atelier [atəlje], Râtelier [ratəlje], Chapelier [ʃapəlje], Bachelier [baʃəlje] : La règle du -e [ə] (caduque ou muet) est complexe. Lorsque le -e [ə] est précédé de deux consonnes et suivi d’une consonne, alors il devient sonore (on le prononce). A l’inverse, lorsque le -e [ə] se trouve entre une seule consonne, il devient muet. Exception pour les mots dont le -e [ə] est suivi par i mouillé (ou yod) [j], même s’il est entouré d’une seule consonne, alors exceptionnellement il se prononcera.
En résumé :
2 consonnes + e + 1 consonne = On prononce le -e [ə] 1 consonne + e + 1 consonne = On ne prononce pas le -e [ə] 1 consonne + e + 1 consonne avec [j] = On prononce le -e [ə]
Monsieur (Mon/sieur) se prononce [məsjø] : Dans la première syllabe, le « on » fait exceptionnellement le son [ə], et le « r » à la fin du mot est muet. Étymologiquement parlant, « mon » est l’adjectif possessif et « sieur » une forme contractée de « seigneur ».
Femme se prononce [fam]. Le mot vient du latin Femina qui signifie « femelle ». La prononciation de « femme » avec un « a » [fam] viendrait du mot de l’ancien français « fame » pour désigner quelque chose de bonne réputation ou de renommée. Ainsi on faisait appel à des remèdes de bonne « fame » (remède de bonne femme).
Les mots qui commencent par « abs » se prononcent « aps ». Exemples : absorber [apsɔrbe] ; absence [apsɑ̃s] ; abstrait [apstrε] … On remarque la même chose pour les mots en « obs » qui vont se transformer en « ops ». Ex. observation [ɔpsεrvasjɔ̃].
On ajoute parfois des « e » [ə] pour des raisons totalement phonologiques. Ex. Un ours brun => Un ours[ə] brun.
Toujours avec le mot « ours » : lorsque ce mot est suivi d’un mot commençant par une voyelle, il faudra faire une liaison en « s » et non en « z » comme on le fait habituellement en français, car le « s » de « ours » est une consonne sonore. Ex1. J’ai vu un◡ours◡endormi [œ̃nursɑ̃dɔrmi] dans une grotte.
Même chose pour le mot « sens » : étant donné que son « s » final se prononce, on fera une liaison en « s » si le mot qui suit commence par une voyelle. Ex2. Tourner dans le sens◡inverse des aiguilles d’une montre. [sɑ̃s◡ɛ̃vɛrs]
Acupuncture (A/cu/punc/tu/re) [akypɔ̃ktyr] : en latin de acus (aiguille) et de punctura (piqûre). La troisième syllabe « punc » se prononce « ponc » [pɔ̃k].
Bœuf, œuf, os : Ces trois mots ont une consonne finale qui s’entend uniquement au singulier. Au pluriel, on ne prononce pas la consonne finale. Bœuf [bɶf], au pluriel : bœufs [bø] ɶuf [ɶf], au pluriel : œufs [ø] Os [ɔs], au pluriel : os [o]
Second, seconde [səgɔ̃], [səgɔ̃d] : Pourquoi la deuxième syllabe « con » se prononce-t-telle « gon » ? Tout est question d’étymologie. Le terme vient du latin secundus, qui signifie « qui suit ». Jusqu’au XVIIIe siècle, le mot s’écrivait « segond ». Ensuite, la lettre G a été remplacée par un C, pour rendre la graphie conforme à la racine latine. Mais la prononciation n’a pas suivi l’uniformisation de l’orthographe…
Zinc [zε̃g] : On le prononce « Zing ». Encore un « c » qu’on doit prononcer « g ».
Le « p » à l’intérieur des mots « compte » [kɔ̃t], « prompt » [prɔ̃], « sculpture » [skyltyr] ne se prononce pas.
Jacques Prévert parle avec nostalgie et mélancolie d’un amour perdu. Ce poème, écrit en 1945, a été repris en musique par différents artistes : Dalida, Grace Jones, Juliette Gréco, Iggy Pop, Lambert Wilson, Franck Sinitra… « Les Feuilles mortes » est interprétée par Yves Montand en 1949. Qui n’a jamais fredonné cette chanson culte ?
Oh, je voudrais tant que tu te souviennes [suvjεn],
Des jours◡heureux[z-ɶrø] quand nous◡étions◡amis,
En ce temps-là, la vie était plus belle [bεl],
Et le soleil[sɔlεj] plus brûlant qu’aujourd’hui[k-oʒurdɥi].
Les feuilles[fɶj] mortes se ramassent◡à la pelle [pεl],
Tu vois je n’ai pas◡oublié.
Les feuilles mortes se ramassent◡à la pelle,
Les souvenirs[suv(ə)nir] et les regrets [rəgrε]◡aussi.
Et le vent [vɑ̃] du nord [nɔr] les◡emporte [z-ɑ̃pɔrtə],
Dans la nuit froide de l’oubli.
Tu vois, je n’ai pas◡oublié[zublije],
La chanson[ʃɑ̃sɔ̃] que tu me chantais.
C’est◡une chanson, qui nous ressemble[rəsɑ̃blə],
Toi tu m’aimais et je t’aimais.
Nous vivions tous les deux◡ensemble,
Toi qui m’aimais, moi qui t’aimais.
Mais la vie sépare ceux qui s’aiment,
Tout doucement [dus(ə)mɑ̃], sans faire de bruit [brɥi].
Et la mer efface sur le sable,
Les pas des◡amants désunis [dezyni].
Mais la vie sépare ceux qui s’aiment,
Tout doucement [dus(ə)mɑ̃], sans faire de bruit [brɥi].
Et la mer efface sur le sable,
Les pas des◡amants désunis [dezyni].
« Les vacances du mois d’août » : août prononcé « a-out » [a-ut] au lieu de [ut].
« Un peu près » au lieu de « à peu près »
« Manman » à la place de « Maman »
« On ne sait où » prononcé « On-ne-sait-zou » (liaison fautive) au lieu de « On ne sait où » sans liaison.
« En revoir » à la place de « Au revoir »
« Deux euros » ou « huit euros » avec oubli de la liaison…
« La gente féminine » au lieu de « La gent féminine ». Attention « gent » se prononce [ʒɑ̃] (on n’entend pas le « t »).
Les erreurs grammaticales et de syntaxe
« Je l’apprends à faire du vélo » : erreur de grammaire à corriger. Dites plutôt « Je lui apprends à faire du vélo… ».
« Pas tout le monde a la chance de faire des études » à la place de « Tout le monde n’a pas la chance de faire des études ».
« Vous disez » : erreur à remplacer par « vous dites ». Idem pour « vous faisez » au lieu de « vous faites ».
« On fait quoi ? » à remplacer par « Que fait-on ? »
« Je ne comprends pas qu’est-ce que vous dites » au lieu de « Je ne comprends pas ce que vous dites »
« Je sais pas c’est quoi » à remplacer par « je ne sais pas ce que c’est ».
« C’est qui qui a fait ça ?» … « C’est qui qui dit ça ? » suivis de « Ben je te l’ai déjà dit, je sais pas c’est qui ». Ces expressions sont à remplacer de toute urgence par « Qui a fait ça ? » « Qui a dit ça ? » « Je ne sais pas qui c’est ».
« C’est le chat à Colette » au lieu de « C’est le chat de Colette ». « C’est le fils à mon frère » au lieu de « C’est le fils de mon frère »
« Je vais au boulanger » au lieu de « Je vais chez le boulanger » ou « je vais à la boulangerie ».
« Je me suis faite avoir » ; « Je me suis permise de… » au lieu de « Je me suis fait avoir » ou « Je me suis permis de … » (au féminin comme au masculin)
« Cette personne a l’air sérieuse » au lieu de « Cette personne a l’air sérieux » ou « Cette personne semble sérieuse ».
« Il faut que je vais… » à la place de « Il faut que j’aille ».
Les erreurs lexicales
Une personne qui a 40 ans n’est pas « quarantenaire » mais
bien « quadragénaire ». Idem pour une personne de 50 ans, ce n’est
pas une « cinquantenaire » mais bien une « quinquagénaire ».
A noter que ces deux mots – quarantenaire et quinquagénaire – existent pour désigner
l’anniversaire d’un événement.
« Fais montrer » : erreur due à une fusion
possible entre « Montre » et « Fais voir ».
« C’est compréhensif ! » au lieu de « C’est
compréhensible ! »
« Je suis venu pour le supporter » au lieu de « Je
suis venu le soutenir ou l’encourager ».
« C’est une personne énergétique » à la place de « énergique ».
Les expressions à éviter…
Il existe aussi des expressions qui ne sont pas de très bon goût, comme : « Jeter le bébé avec l’eau du bain » pour exprimer qu’on se débarrasse de quelque chose d’important pour éliminer les ennuis et les contraintes qui y sont liés.
« J’habite sur Paris » au lieu de « J’habite à Paris ».
« Du coup » peut être remplacé par « Par conséquent »
Denfert Rochereau, Barbès Rochechouart, Bir Hakeim, Richelieu Drouot, Ranelagh, Faidherbe Chaligny, Ourcq… Si la lecture de ces noms vous donnent la chair de poule, je vous conseille alors d’écouter les audios ci-dessous et de répéter après moi : Dans fer Roche Rot, Bar baisse Rocheux Choir… 😉
Abbesses Adolphe Chérioux Alésia Alexandre Dumas Alma – Marceau Anatole France Anvers Sacré-Cœur Argentine Arts et Métiers Asnières – Gennevilliers Les Courtilles Assemblée nationale Aubervilliers – Pantin – Quatre Chemins Avenue Émile-Zola Avron
Balard Barbès – Rochechouart Basilique de Saint-Denis Hôtel de Ville Bastille Bel-Air Belleville Bérault Bercy Bibliothèque François-Mitterrand Billancourt Bir-Hakeim Blanche Bobigny – Pablo Picasso Préfecture – Hôtel du Département Bobigny – Pantin – Raymond Queneau Boissière Bolivar Bonne-Nouvelle Botzaris Boucicaut Boulogne – Jean Jaurès Boulogne-Billancourt Boulogne – Pont de Saint-Cloud Bourse Bréguet – Sabin Brochant Butte Montmartre Buttes Chaumont Buzenval
Cadet Cambronne Campo-Formio Cardinal Lemoine Carrefour Pleyel Censier – Daubenton Champs-Élysées – Clemenceau Grand Palais Chardon-Lagache Charenton – Écoles Place Aristide Briand Charles de Gaulle – Étoile Charles Michels Charonne Château de Vincennes Château d’Eau Château Rouge Château-Landon Châtelet Châtillon-Montrouge Chaussée d’Antin – La Fayette Chemin Vert Chevaleret Cité Cluny – La Sorbonne Colonel Fabien Commerce Concorde Convention Corentin Cariou Corentin Celton Corvisart Cour Saint-Émilion Courcelles Couronnes Courteline Créteil Crimée Croix de Chavaux Danube Daumesnil Denfert-Rochereau Dugommier Dupleix Duroc
École Militaire École vétérinaire de Maisons-Alfort Edgar Quinet Église d’Auteuil Église de Pantin Esplanade de La Défense Étienne Marcel Europe Exelmans
Faidherbe – Chaligny Falguière Félix Éboué Félix Faure Filles du Calvaire Fort d’Aubervilliers Franklin D. Roosevelt
Gabribaldi Gabriel Péri Gaité Gallieni Parc de Bagnolet Gambetta Gare d’Austerlitz Gare de l’Est Gare de Lyon Gare du Nord George V Glacière Goncourt Hôpital Saint-Louis Grands Boulevards Guy Môquet
Havre – Caumartin Hoche
Hôtel de Ville
Iéna
Invalides Jacques Bonsergent
Jasmin
Jaurès Javel – André Citroën
Jourdain
Jules Joffrin
Jussieu
Kléber
La Chapelle
La Courneuve – 8 Mai 1945
La Défense Grande Arche
La Fourche
La Motte-Picquet – Grenelle
La Muette
La Tour-Maubourg
Lamarck – Caulaincourt
Laumière
Le Kremlin-Bicêtre
Le Peletier
Ledru-Rollin
Léon Blum
Les Agnettes
Les Gobelins
Les Halles
Les Sablons Jardin d’Acclimatation
Liberté
Liège
Louis Blanc
Louise Michel
Lourmel
Louvre – Rivoli
Mabillon Madeleine
Mairie de Clichy
Mairie de Montreuil Mairie de Montrouge
Mairie de Saint-Ouen
Mairie des Lilas
Mairie d’Issy
Mairie d’Ivry
Maison Blanche
Maisons-Alfort Malakoff
Malesherbes
Maraîchers
Marcadet – Poissonniers
Marcel Sembat
Marx Dormoy
Maubert – Mutualité Ménilmontant
Michel Bizot
Michel-Ange – Auteuil
Mirabeau
Miromesnil
Monceau Montgallet
Montparnasse – Bienvenüe
Mouton-Duvernet
Musée d’Orsay
Nation Place des Antilles
Nationale
Notre-Dame-de-Lorette
Notre-Dame-des-Champs
Oberkampf Odéon
Olympiades
Opéra
Ourcq
Palais Royal – Musée du Louvre
Parc de la Villette
Parmentier
Passy
Pasteur
Pelleport
Père Lachaise
Pereire Pernety
Philippe Auguste
Picpus
Pierre et Marie Curie
Pigalle
Place de Clichy
Place des Fêtes
Place d’Italie
Place Monge Jardin des Plantes – Arènes de Lutèce
Plaisance
Poissonnière
Pont de Levallois – Bécon
Pont de Neuilly
Pont de Sèvres
Pont Neuf
Pont-Marie Cité des Arts
Porte Dauphine
Porte d’Auteuil
Porte de Bagnolet Porte de Champerret
Porte de Charenton
Porte de Choisy
Porte de Clichy
Porte de Clignancourt
Porte de la Chapelle
Porte de la Villette
Porte de Montreuil
Porte de Pantin
Porte de Saint-Cloud Parc des Princes
Porte de Saint-Ouen
Porte de Vanves
Porte de Versailles Parc des Expositions de Paris
Porte de Vincennes
Porte des Lilas
Porte d’Italie
Porte d’Ivry
Porte Dorée
Porte d’Orléans
Porte Maillot
Pré Saint-Gervais
Pyramides
Pyrénées
Quai de la Gare
Quai de la Rapée Quatre-Septembre
Rambuteau Centre Georges Pompidou Ranelagh Raspail
Réaumur – Sébastopol
Rennes
République
Reuilly – Diderot
Richard-Lenoir
Richelieu – Drouot
Riquet
Robespierre
Rome
Rue de la Pompe Avenue Georges Mandel
Rue des Boulets
Rue du Bac
Rue Saint-Maur
Saint-Ambroise
Saint-Augustin
Saint-Denis – Aubervilliers Front Populaire
Saint-Denis – Porte de Paris Stade de France
Saint-Denis Université
Saint-Fargeau
Saint-François Xavier
Saint-Georges
Saint-Germain-des-Prés Saint-Jacques
Saint-Lazare
Saint-Mandé
Saint-Marcel
Saint-Michel
Saint-Paul Le Marais
Saint-Philippe du Roule Saint-Placide
Saint-Sébastien – Froissart
Saint-Sulpice
Ségur
Sentier
Sèvres – Babylone
Sèvres – Lecourbe
Simplon
Solférino
Stalingrad
Strasbourg – Saint-Denis
Sully-Morland
Télégraphe
Temple
Ternes
Tolbiac
Tour Eiffel
Trinité – d’Estienne d’Orves
Trocadéro
Tuileries
Vaneau
Varenne
Vaugirard
Vavin
Victor Hugo
Villejuif – Léo Lagrange
Villejuif – Louis Aragon Villiers Volontaires Voltaire
Wagram